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La journée lui semblait longue, atrocement longue. Elle avait l’étrange impression qu’il ne se passait rien. D’habitude, les cours avaient plutôt tendance à l’intéresser, et la lançaient souvent sur de nouvelles choses, de nouvelles recherches à la bibliothèque, la menant de découvertes en découvertes.
Pas aujourd'hui.
Rares sont les jours où Sélène Acajor s’ennuie réellement. Pourtant, il semblerait qu’aujourd’hui soit l’un de ces jours. Un de ces jours où les heures passent à une lenteur folle. Un de ces jours où lorsqu’elle sort d’un cours, elle a juste l’impression d’avoir déjà tout lu et tout intégré, sans avoir besoin de ce que lui disait le prof.
Parfois, Sélène a l’impression que sa place n’est pas dans l’année où elle est, mais dans celle d’au-dessus. Heureusement, en général, le jour d’après, elle se retrouve à devoir comprendre et résoudre des problèmes qu’elle n’a jamais vu ou dont elle n’a jamais entendu parler.

Aujourd’hui est donc une occurrence régulière, mais qu’elle sait comment combattre, comment faire passer, sans trop s’y préoccuper. Sans trop perdre son temps. En général, elle en profite pour aller se poser à l’un de ces nombreux endroits favoris de Beauxbâtons, mais s’interdit la bibliothèque, pour ne pas y passer non plus tous les jours toute la journée.
Aujourd’hui, elle a décidé d’aller dans les jardins, dehors. Elle y va plutôt rarement, préférant en général la grande galerie, le jardin d’hiver ou même encore l’observatoire. Les jardins sont au même niveau que la forêt, elle n’y va que relativement rarement, et en général lors de journées où elle a besoin d’être seule. De trouver un endroit à l’air libre ou laisser tourner ses pensées dans sa tête, sans interruption.

Elle s’assoit sur un banc, à l’écart de l’endroit central où la majorité des élèves sont. Elle a toujours son chignon tiré, mais le vent a réussi à déloger trois quatre mèches blondes qui ondulent autour de son visage. Elle pense à Maxence, elle pense à ses cours, elle pense aux baguettes qu’elle va bientôt pouvoir graver et aux prochaines vacances lors desquelles elle pourra continuer son apprentissage avec son frère, sous les yeux sévères de leur père. Il y a un sujet que ses pensées évitent le plus possible de toucher, et d’autres qui tournent en boucle dans sa tête. Elle ne pourra jamais reprendre l’entreprise familiale, c’est un fait.
Qu’est-ce qu’elle va devenir, après Beauxbâtons ?

Un bruit la fait rouvrir les yeux et se retourner. Deux bruits, trois, des cris, des insultes. Elle se lève et s’empresse de suivre l’origine du bruit. Ça n’a pas l’air d’être quelque chose de dangereux, juste quelque chose qui ne devrait probablement pas arriver en plein milieu de l’école, dans un lieu aussi publique.
En effet, lorsqu’elle arrive au milieu des jardins, là où tout le monde se rassemble en général, elle doit pousser plusieurs élèves qui forment un cercle autour de deux élèves. Elle ne fait pas bien attention à qui ils sont, bien trop concentrée sur le fait qu’ils ont tous deux les baguettes sorties et pointées l’une vers l’autre. Des insultes sortent de leurs lèvres et Sélène, comme c’est parfois le cas dans des situations comme celles-ci, regrette de ne pas être la déléguée de son élément.
Elle essaye pourtant de faire ce qu’elle peut, mettant en avant le fait d’être une des meilleures élèves, plutôt connues comme quelqu’un de proche des profs et des autres entités légales de l’école.

“Non mais ça ne va pas non ? Un duel en plein milieu de la journée ? Si un professeur ou un délégué passe par là, vous vous rendez compte de ce que vous risquez ?”

Elle se rend bien compte qu’elle est la seule à intervenir, si ce n’est même la seule à vouloir que le duel s’arrête. Mais elle, tout ce qu’elle peut voir, c’est l’irrespect évident au règlement et les quelques élèves de première année qui sont au premier rang du cercle et qui pourraient être blessés.