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Les cheveux bien tirés à l’arrière de sa tête, rassemblés en un chignon qu’on pourrait confondre avec ceux des danseuses étoiles des sans pouvoirs, Sélène passe comme à son habitude, la soirée à la bibliothèque. Elle y est déjà depuis le milieu de l’après-midi ayant eu quelques heures de trous dans son emploi du temps. Elle s’y réfugie souvent, bien plus qu’un ou une élève lambda. Le bruit dans les dortoirs ou dans la salle commune est souvent trop présents pour qu’elle puisse sérieusement bosser sur ses cours. Surtout sur des cours qui lui prennent la tête et qu’elle a du mal à comprendre, comme celui sur lequel elle bosse actuellement.

Elle préfère en général travailler seule, mais bien qu’elle ait été seule cet après midi, des gens ont commencé à doucement, mais sûrement, remplir les rangs - et donc aussi les tables - de l’endroit le plus calme et silencieux de Beauxbâtons. Alors qu’elle était seule sur la table cette après-midi, elle se retrouve ce soir sur une table pour quatre avec trois complets étrangers. Elle les a déjà vus, de loin, probablement qu’elle a dû les croiser à un moment dans les couloirs. Mais sans plus d’affinités. Et ce n'est pas plus mal comme ça. Après tout, travailler avec des amis, à part s’ils sont aussi studieux qu’elle (ce qui est plutôt rare) est souvent compliqué. Outre bien sûr, les moments de groupes d’études désignés que bien souvent, elle organise elle-même. Ou bien encore lorsqu’elle donne de l’aide à certains élèves en difficultés…

Il ne lui en faut pas plus pour penser à Maxence. Maxence sans qui elle s’en serait jamais sortie les premières années à Beauxbâtons. Celui qu’elle a aidé à passer son année qu’il avait redoublée. Celui, le seul, qui lui a dit "je t’aime" alors qu’elle ne croit ni en l’amour ni aux coups de foudres. Celui qui, de toute façon, ne peut pas l’aimer. Après tout, il ne sait probablement pas ce que c’est, l’amour. Puis ce n'est pas comme si sa famille avait été le meilleur des exemples en la matière. Sans parler du fait que, de par sa famille, même s’il l’aimait réellement, rien ne serait possible.
Et si tout ça, parfois, semble refermer ses griffes sur le diaphragme de Sélène, lui donnant l’impression que son estomac est noué, ce n’est bien souvent qu’une coïncidence.

Quelques murmures aux termes limites la sortent de ses pensées. Tant mieux, mieux vaut éviter qu’elle se laisse trop entraîner dans des pensées qui ne mèneraient de toute manière à rien. Elle se retourne vers le bruit, et se rend vite compte que la personne à côté d’elle semble frustrée. Sélène observe par-dessus ses bras le manuel que l'élève lit et son sourire se crispe. Ah. Oui. Peut-être que les mots utilisés, aussi limites soient-ils, étaient justifiés. Sélène a déjà lu cet ouvrage, plus par curiosité que par besoin et elle se souvient d’avoir passé plusieurs mois à le déchiffrer, presque un an à le comprendre complètement. Sans parler du nombre de fois où elle a dû le relire pour en comprendre toutes les nuances.

Sélène est habituée à aider les gens. Parfois, elle suppute que ça fait partie de son ADN, aussi simple que ça. Alors elle racle la gorge doucement et sourit, préparée à faire face à un visage probablement énervé.
"Ce n'est pas une lecture facile… J’ai travaillé dessus il y a environ deux ans, je peux essayer de te guider pour essayer de le comprendre, si tu en ressens le besoin ? Et si tu as envie que je t’aide, bien sûr."

Sélène n'a pas vraiment de souvenirs de gens qui auraient refusé son aide. Elle est connue à Beauxbâtons pour aider aux devoirs, et même parfois les années supérieures à la sienne grâce aux nombreux livres qu’elle a pu lire en avance.

Mais qui peut savoir. Il y a bien une première fois à tout.

Comment ça, on ne peut pas emprunter ce livre ?
Face à l’intraitable bibliothécaire, Haruo du Chesnes pince ses lèvres fines d’un agacement profond. Il connait ses difficultés à assimiler de la matière s’il doit la lire en silence, encore plus une aussi complexe que celle-là. Ce livre, nécessaire pour son cours de magie expérimentale, n’existe qu’en très peu d’exemplaires et doit rester sous stricte surveillance. Mais vous pouvez prendre des notes ajoute-t-elle, avec un agaçant rictus condescendant.

Il déteste prendre des notes.
Il ne retient rien de cette manière.
Il le sait.
Mais…
Il ne peut pas l’expliquer, il ne peut pas le formuler à voix haute, risquer un accroc dans son image si parfaite.
Alors…
Il le prend, ce fichu bouquin, et s’installe à une table en tentant d’intérioriser ses marmonnements agacés.
Et agaçants.

Il en choisit une avec du monde autour de lui, parce qu’il déteste la solitude, Haruo. Il s’imagine que cette proximité l’aidera à se concentrer mais, très vite, il bloque sur des phrases alambiquées, jusqu’à des tournures techniques qui lui sont inconnues. Ce livre lui donne l’impression d’être un imbécile et l’agacement commence à céder la place à une colère alimentée par son sentiment d’impuissance.

C’est à ce moment que Sélène lui adresse la parole.
Il ne l’avait même pas remarquée, cette amie de Kamala toujours si polie, réservée. Ce doit être la première fois qu’elle lui propose une interaction sociale directe. Le noble ne dissimule pas sa surprise.

— Tu veux m’aider ?

Haruo ne comprend pas immédiatement que sa phrase peut être mal interprétée. Il secoue la tête et ajoute, d’un ton très bas pour ne déranger personne :

— Pourquoi ? Je veux dire… Tu ne m’aimes pas.

Du moins il l’a toujours pensé même si l’énoncer tout haut parait risible. Comment pourrait-on ne pas l’aimer, lui ? Et pourtant, quand les gens sont excessivement polis, c’est souvent pour cette raison…

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Elle connaît, bien sûr, le jeune homme qui tient l’ouvrage. Après tout, rares sont les jeunes asiatiques qui étudient à Beauxbâtons et d’autant plus rares sont ceux qui se paradent avec une couleur aussi peu naturelle pour leur gênes de naissance que le blond. Haruo du Chesnes est la personne face à elle et elle se rend compte qu’à part les “on dit” et les quelques fois où Kamala lui a parlé de lui, elle ne le connaît que très peu. Elle ne lui a jamais parlé, elle n’en a jamais eu l’occasion, ni le besoin. Et il ne fait certainement pas partie de ces gens qu’elle pourrait juste aborder comme ça. Ou, pire encore, qu’elle pourrait considérer comme ami. Elle a déjà fait cette erreur une fois, de se lier d’amitié avec un noble de sexe masculin, elle ne compte pas recommencer.
La situation actuelle est différente cependant et ça ne la dérange pas de mener la conversation si c’est pour un sujet qu’elle contrôle et qui ne la lie pas indéfiniment à l’autre. Après tout, l’idée est juste de lui proposer son aide sur cette lecture pour qu’il ne finisse pas par complètement disjoncter de colère et de frustration.

Elle pensait que c’était un fait et que tout le monde était au courant : Sélène aidait les gens. Pour leurs devoirs ou leurs crises de nerfs. Pour leurs relations amoureuses ou pour leurs désepoirs familiaux. Elle sait que tout le monde n’acceptait pas automatiquement son aide, mais elle avait l’impression que tout le monde savait qu’au moins, elle la proposait.
Au vu de la réaction d’Haruo, ce n’était peut-être pas le cas.
Son ton est surpris et il a l’air de trouver sa proposition inattendue au moins, complètement sortie de nulle part au plus. Pendant un instant, Sélène est pas bien certaine de quoi lui répondre, ni de comment réagir.
Elle reste donc juste assise face à lui, les yeux doux et un sourire très léger au visage.
Elle le regarde secouer la tête, et elle ne sait pas s’il lui donne une réponse négative et silencieuse ou s’il essaye de se réveiller d’un rêve quelconque éveillée mais elle le regarde et le laisse faire. Sûrement, il va ajouter quelque chose, il va lui expliquer pourquoi elle ne devrait pas avoir envie de l’aider.

Les mots suivants lui font soulever les sourcils et reculer la tête de surprise. Ne pas l’aimer ? Quelle idée. Ce n’est pas une question qui se pose. Qu’elle l’aime ou qu’elle ne l’aime pas, elle apprécie aider les gens qui sont dans le besoin, mentalement ou en cours. Même physiquement parfois, bien qu’elle soit loin d’être médicomage et de savoir gérer toutes les situations.

“Pardon ?” qu’elle lance pour commencer, très gentiment, la voix douce et basse pour ne pas déranger les gens aux alentours. “Je ne sais pas de quoi tu parles, je n’ai pas particulièrement d’affinité ou d’antipathie envers toi… J’ai juste cru que tu pourrais avoir besoin d’aide à comprendre quelques notions du livre.” Elle finit par un léger sourire. Pas un sourire heureux, ni un sourire forcé, un sourire de convenance, poli, qu’elle a apprit depuis sa plus tendre enfance à offrir aux gens d’un rang plus élevé qu’elle.
Le seul sourire qu’elle devrait offrir à quiconque de noble et de sexe masculin.
Le seul sourire qu’elle aurait dû offrir à Maxence à l’époque.

Elle semble surprise par son affirmation, jure ne pas la comprendre. Il la jauge, cherche le mensonge sur ses traits, sans parvenir à le déceler.

Finalement, Haruo hausse les épaules, comme si tout cela n’avait que peu d’intérêt ou même d’importance. Et au fond, il doit l'admettre, ça n'en a aucun. Si Sélène souhaite l’aider, pourquoi la repousser ? S’il s’était un tant soit peu intéressé à elle, il aurait su qu’elle offrait son aide à tout le monde. Hélas (pour elle), Haruo vivait dans son petit univers, au centre duquel il se trouvait, lui, en compagnie éventuellement de Kamala, de ses sœurs, de Claire, bref de bien des femmes sauf celle-ci. Il ne prêtait pas attention aux gens qui manquaient de couleur, qui manquaient de folie, d’excentrisme, d’esprit artistique, et Sélène ne lui avait jamais donné l’impression d’en posséder. Il n’avait retenu son prénom que parce qu’elle fréquentait parfois Kamala.

Pour autant, jamais Haruo ne se serait montré impoli en lui détaillant ses pensées. À quoi bon la blesser alors qu'elle se montrait si altruiste ? Ce comportement, au contraire, le noble préférait l'encourager. Ainsi, il enchaine :

— Je dois le lire pour mon cours de magie expérimentale et j’avoue ne rien comprendre. Les mots sont bien en français, sauf qu’ils n’ont pas de sens. Est-ce qu’il y a une astuce ? Un sort quelconque ? Ou manquerais-je de vocabulaire ?

Il se fend d’un rire léger, subtil, comme si cette aberration ne méritait rien d’autre que son mépris. Lui, un du Chesnes, manquer de vocabulaire ?

Vraiment…

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Elle a mis un moment à le comprendre, ce livre, lorsqu’elle l’a lu pour la tout première fois. Elle a du le relire plusieurs fois pour y percevoire toutes les différentes subtilités. Et elle est persuadée qu’encore aujourd’hui, si elle venait à le relire, elle en trouverait de nouvelles.
Seulement, pour trouver les subtilités, il faut déjà comprendre la base et le général. Ce que manifestement le jeune du Chesnes ne parvient pas à faire. Pas qu’elle le juge. Encore une fois, ce manuel est compliqué, et le serait probablement même pour des élèves des années supérieures. Ou certains professeurs.

Elle ne sait pas trop comment prendre sa question, ses questions. Ni le rire qui les suit. Alors elle se contente de répondre, toujours ce sourire poli mais sans réel sentiments ni émotion scotché sur le visage. “Tout mot à un sens, bien sûr, mais parfois, lorsqu’ils sont mis dans un certain contexte, ils peuvent en avoir un auquel nous ne sommes pas habitué.” Elle se baisse pour sortir de sa sacoche de travail une bloc note et un stylo ainsi qu’un petit dictionnaire magique qu’elle trimballe toujours avec elle, dans les cas où elle se retrouverait à la place d’Haruo actuellement.

“J’ai bien peur qu’il n’y ait pas de sort pour comprendre ce genre de livre, ou s’il y en a un, je ne le connais pas. Mais j’ai trouvé cette petite chose il y a de ça quelques années, lors de ma première année de mon arc de niveau deux. C’est un petit dictionnaire qui peut te donner différents sens d’un même terme en te le plaçant directement dans une phrase. Bien sûr, ce n’est pas aussi simple, bien souvent, la phrase en elle-même n’est pas directement compréhensible et pour en faire sens, c’est dans d’autres livres qu’il faut aller chercher.”

Elle tend le petit livre à Haruo et prend son stylo avant de commencer une liste de livres qu’elle essaye de retrouver dans son esprit, petit à petit. “Je vais te faire une liste de recommandations d’ouvrages qui m’ont aidé à décrypter cette monstruosité lorsque je l’ai lu pour la première fois. Entre le dictionnaire et ça, tu devrais pouvoir t’en sortir… Si je peux me permettre, pour quand dois-tu le lire ?”

C’est une donnée importante. S’il doit le lire d’ici trois jours ou s’il doit le lire d’ici trois mois, la façon de Sélène de lui expliquer quelques bases du livre sera différente.
Mais soyons honnête, s’il doit l’avoir lu dans trois jours, il n’a aucune chance.

Haruo en vient à se demander si Sélène possède un peu d’humour, si elle est capable d’afficher une autre émotion que ce sourire poli, qu’il trouve même crispé. Est-ce lui qui la perturbe ? Est-ce le reste du monde ? Le jeune noble ne parvient pas à cerner ce genre de personnalité. Pourtant, il répond à ses questions, parce qu’il ne compter pas se priver de son aide. Il prend le petit livre qu’elle lui donne, ce fameux dictionnaire, et le feuillette négligemment.

— Merci. Et pour la liste aussi. Quand souhaites-tu que je te le rende ?

L’aîné des Du Chesnes ne ressentait aucune gêne à la perspective d’emprunter des affaires à quelqu’un, même s’il se demandait encore pour quelle raison elle souhaitait tant l’aider alors que, il se le répétait comme une évidence, elle ne l’aimait pas.

— Je dois rendre cinquante centimètres de parchemin de réflexion préliminaire pour le prochain cours, donc dans… six jours. Quoi ? Penses-tu que ce soit une épreuve ?

Peut-être ne devaient-ils pas réellement lire ce livre, ou le lire et admettre leur incompréhension ? Après tout, la rentrée venait à peine d’avoir lieu à Beauxbâtons et Haruo ne connaissait pas cet enseignant. Il s’agissait peut-être d’une évaluation tordue. Ou il se trompait, le professeur était très sérieux et il cherchait à les décourager d’entrée de jeu ? Pour qu’ils comprennent à quel point la magie expérimentale était une matière compliquée ?

Haruo soupira, blasé.

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Sélène comprend que tout le monde ne prenne pas ses études de façon aussi sérieuse qu’elle le fait. Elle sait d’ailleurs qu’elle prend ses études parfois un peu trop au sérieux. Après tout, elle a toujours été dans les meilleurs de son années (à part dans de très rares cas comme celui qui a poussé à sa rencontre avec Maxence).
Ceci étant dit, elle ne comprend pas que certaines personnes n’en ait assez rien à faire pour se mettre à leurs devoirs (surtout des devoirs de cette envergure) au dernier moment. Mais peut-être qu’elle est mauvaise langue aussi. Après tout, le jeune du Chesnes ne lui a toujours pas répondu. Peut-être que sa lecture est pour dans plusieurs mois et dans ce cas ci, il s’y prend pile quand il faut.
Si elle doit être honnête, il lui faudra facilement deux mois minimum, avec l’aide qu’elle lui a donné pour l’instant, pour qu’il comprenne quelque chose. À part s’il est un génie dans cette matière - ce dont elle doute au vu de son désarroi face au livre.

Il la remercie et elle sourit légèrement, poliment. Elle a l’habitude de créer ce genre de listes. Elle en a toujours quelques unes sous le bras. Puis elle a pris l’habitude de faire des biblio de tous les livres qui l’aident à comprendre tel ou tel livre à la fin de chaque lecture. Il lui demande aussi quand il doit lui rendre le dictionnaire et elle est à peu de lui dire qu’il peut le garder. Après tout, elle en a d’autres copies. Mais si elle commence à les prêter indéfiniment, elle finira rapirement par ne plus en avoir aucun, alors elle se contente de répondre un “Quand t’en auras fini avec ta lecture.” simple qui laisse comprendre qu’il peut prendre son temps mais que le dictionnaire s’appelle tout de même “revient”.

Il répond enfin à son interrogation avec des mots qui transforment son visage légèrement. Sans forcément réussir à s’en empêcher, elle laisse transparaître une peine évidente pour l’élève. Cinquand centimètres de parchemin sur une réflexion préléminaire ? Dans une semaine ? Elle ne lui demande pas depuis quand il a le devoir, n’a pas envie de paraître plus dans le jugement qu’elle ne le paraît déjà.

“Je vois…” Elle essaye de choisir ses mots suivants avec intelligence et délicatesse. “Je pense que tu pourras rendre quelque chose. Je ne suis pas certaine de le pertinence des propos de ce quelque chose cependant. Elle se dit que logiquement, son professeur connaît la difficulté de la lecture et qu’il notera les devoirs en conséquence. “Mais je ne doute pas du fait que le professeur saura prendre en compte la difficulté de la lecture, avant même la pertinence des propos du devoir.”

Elle espère ne pas avoir complètement décourager l’aîné du Chesnes avec ses mots, mais elle a toujours préféré dire la vérité concernant les cours et les devoirs. Mentir n’a jamais servi à rien. Haruo du Chesnes n’aura probablement pas une note incroyable à son devoir, mais au moins, grâce à son aide, il peut peut-être s’arranger pour avoir au dessus de la moyenne.

Haruo écouta Sélène lui annoncer, par des mots détournés, qu’il ne parviendrait pas à rendre le devoir dans les temps. Sa dixième année commencerait mal… Dans son petit monde, l’aîné des Du Chesnes n’estimait pas être en retard pour son devoir, il avait même pris une sorte de bonne résolution pour commencer en avance mais le cours de magie expérimentale différait de ses habitudes alors… peut-être que cela ne suffirait pas.

Non, pas peut-être.
Sûrement.

— Merci pour ta franchise. Si je comprends bien, mon seul espoir est que tu acceptes de prendre du temps pour m’expliquer le propos, que tu as déjà compris puisque tu as travaillé dessus… Ce qui me permettra, peut-être, d’être suffisamment inspiré pour rédiger cette réflexion préliminaire ?

Considérerait-elle cela comme une forme de tricherie ? Haruo comptait lire le livre… à un moment ou à un autre… peut-être dans un futur lointain…

— Ou, si tu n’as pas le temps, tu pourrais me prêter tes notes en plus du dictionnaire ?

Abusait-il ? Sans doute un peu mais, pour sa défense, Sélène s’était proposée la première pour voler à son secours. Jamais, autrement, il n’aurait sollicité quiconque, se contentant de se planter pour mieux apprendre de ses erreurs ensuite… ou trouver une sorte de parade, si pas simplement abandonner ce choix au profit d’un autre.

En espérant la convaincre, Haruo lui servit son adorable sourire, le rictus craquant sans être prédateur. Son arme à lui.

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Encore une fois, ce n’est pas ses cours et elle ne sait pas vraiment l’exigence du professeur. Au vu des lectures, il semble être un professeur plutôt dur et académique, même si la matière en soi pourrait faire penser que ce n’est pas le cas. C’est après tout difficile d’être expérimental et académique à la fois.
Elle espère juste que le professeur aura assez de jugeote, ou même simplement de sympathie pour ne pas complètement saquer des élèves qui, de façon totalement raisonnable, pourraient ne pas avoir compris le matériel d’étude.
Elle ne peut pas faire plus pour l’aider que ce qu’elle a déjà fait. Elle refuse complètement d’en faire plus. Elle lui a donné les quelques points d’aide qu’elle se sentait à l’aide de donner, ceux qu’elle ne considérait pas dans le domaine de “faire ses devoirs à sa place” mais si elle venait à en faire plus, elle risquait d’entrer dans un territoire flou et gris sur le rendu final du devoir.

Lorsqu’il lui répond qu’en gros, s’il veut réussir, il faut qu’elle accepte de l’aider, Sélène se dit qu’il a pas bien compris ce qu’elle faisait là et l’aide qu’elle se sentait à l’aise de lui offrir. Mais après tout, elle est pas bien surprise. Il doit pas être très habitué à ce qu’on lui refuse des choses…
Elle s’apprête à lui dire que ce n’est pas une bonne idée - et que ce serait une bien meilleure idée qu’il essaye de se mettre de suite à la lecture du livre aidé du dictionnaire et des autres livres qu’elle lui a conseillé plutôt que d’essayer de la convaincre de faire le devoir à sa place - lorsqu’il reprend la parole.
Lui prêter ses notes maintenant ? Ah bah manquerait plus que ça, bien sûr.

Le sourire qu’il lui offre derrière, oh. Oh, elle voit comment certaines personnes pourraient être attirée par un sourire comme celui-ci, bien entendu. Mais jamais, oh jamais ce sera son cas à Sélène. Après tout, elle est bien souvent indiférente aux charmes des gens de façon générale, quelques soient leur sexe, leur genre ou leur statut.
Et si une image de Maxence lui passe à l’esprit, elle l’y chasse bien vite.

“Ah, désolée, je pense que l’on s’est mal compris… Il n’est pas là question que je fasse le devoir à ta place ou même que je le coécrive avec toi. L’aide que je peux t’apporter s’arrête ici. Le dictionnaire devrait te donner tous les mots sur lesquels tu pourrais avoir des doutes et même quelques notions, et les autres ouvrages que je t’ai recommandés devraient pouvoir approfondir certaines connaissances dont tu pourrais avoir besoin pour aller plus loin. Maintenant, en réalité, il ne te reste plus qu’à te mettre à la lecture. Alors. Bien sûr, si tu veux être dans les temps, il va peut-être falloir passer les quelques jours qui te séparent du rendus du devoir là dessus, quitte à mettre tes loisirs de côté, mais si tu veux avoir une bonne note, c’est malheureusement la seule façon de faire.”

Ou elle suppose qu’il pourrait payer un autre élève pour le faire à sa place.
Il a les bézants pour, sans en douter. Et ces élèves là ont probablement besoin de ces quelques bézants de plus par copies.
Quelle tristesse…