Depuis la rentrée scolaire, la jeune sorcière ne passait que peu de temps au sein de la résidence du Soufre. La victoire courtement gagnée n'était tout de même pas facile à digérer. Son pragmatisme lui insufflait de passer à autre chose, mais Louise ne pensait tout bonnement pas avoir les épaules pour pouvoir y parvenir. La désillusion était encore trop vive.
Une voie. Il aurait suffi d'une voie en moins pour que tous ses espoirs et ses rêves s'effondrent. Comment passer à autre chose quand c'était sa propre voix qui l'avait couronné et fait pencher la balance de son côté pour le poste de déléguée élémentaire ?
Ruminant son amère victoire, Louise profitait ces derniers jours des extérieurs du château pour s’aérer l’esprit. Aujourd’hui, plus que jamais, elle fulminait. Le chef de famille avait jugé bon de lui transmettre une correspondance exprimant « sa profonde tristesse face à son
presque échec, qui ne pouvait que limiter la réputation de la lignée ». Raah, comme si sa propre déception ne suffisait pas ? Voilà maintenant qu’elle devait affronter les attentes déçues d'un patriarche trop demandeur.
Elle froissa la lettre dans la paume de sa main droite et la fit disparaître au fond de son sac. Elle avait décidément besoin de se changer les idées. Elle aurait bien aimé retrouver un de ses amis pour colporter des ragots juteux, mais la rentrée n’avait pas encore apporté de nouveauté. Alors, Louise prit la direction des espaces verts de l’académie. D’un pas assuré, tapant les graviers, elle se dirigea vers la fontaine pour reprendre son croquis de la statue installée au centre de cette dernière. Bientôt arrivée à destination, elle sortit son carnet de son sac et commença à la feuilleter, sans se soucier de l'endroit où elle mettait les pieds. Soudain, Louise poussa un cri strident lorsqu’elle sentit quelque chose se planter dans la peau mate de sa jambe dénudée. Dans un réflexe de recul, elle laissa tomber le carnet qu'elle tenait.
« Par Merlin ! », lâcha-t-elle, sans se soucier de son langage. Elle jeta un coup d’œil à ce qu’elle pensait être des ronces et découvrit, avec horreur, une boule de poils.
« Jaurès, arrête, désolez vraiment, mon chat n'aime pas les inconnus. » . Les paroles raisonnèrent dans ses oreilles comme un bourdonnement. Complètement pétrifiée, la jeune femme semblait défier la statue de la fontaine.
Après un laps de temps considérable, la jeune femme reprit contenance. Cependant, il était trop tard, son carnet était déjà souillé de terre. Jaurès paraissait s'être confortablement installé sur les pages joliment remplies, transformant les dessins en esquisses où il était difficile de distinguer ce que Louise avait tenté de représenter.
« Voilà ce qui arrive quand on ne sait pas gérer ses animaux ! », déclara-t-elle avec une humeur exécrable.
« Tu me dois un carnet. Et des heures de travail ! » . La sorcière ne paraissait pas décolérer.
Louise observa sa camarade et son animal de compagnie avec mépris. En plus de tout cela, l'animal avait une difformité à l'œil !
« Dois-je en plus me rendre au dispensaire parce que tu négliges ton chat ? » , demanda-t-elle, soucieuse pour sa santé face aux potentielles maladies de ce chat.
- Résultats des dés :
: Plouf, le carnet tombe dans la fontaine et rejoint les poissons
: Ouf, le carnet retombe quelques centimètres plus loin.
: Sale miaou, Jaurès marche avec ses pattes pleines de terre sur une page du carnet