Parchemin d’identité

Histoire

Léonie arpente l'orangerie du domaine, fixant avec convoitise les fruits suspendus au-dessus de sa tête. L'air embaume du parfum des agrumes ; l'estomac de la fillette gargouille. Elle n'a pas eu le droit de reprendre un dessert, ni même de piquer celui d'Amaury. Pourtant, sa part de gâteau était beaucoup plus grosse que la sienne ! C'est injuste ! Alors elle a bien mérité une orange pour se consoler, non ?

Elle se juche sur la pointe des pieds, tente d'attraper un fruit. N'y arrivant pas, elle peste, se débarrasse de ses chaussures vernies à talons et se met en tête d'escalader l'arbre. Si l'orange refuse de venir à Léonie de Castel, alors Léonie de Castel ira à l'orange !

C'est sa dernière pensée avant que la branche sur laquelle elle s'est hissée ne craque. L'espace d'un battement de cils horrifié, elle croit qu'elle va tomber et se fracasser la tête par terre, mais les bras d'une domestique la retiennent à temps. "Doucement, Mademoiselle, vous allez vous faire mal !" Léonie lève les yeux, le cœur battant la chamade. La femme qui l'a sauvé lui sourit avec une indulgence qui ne dissimule pas son inquiétude. "Si vous vouliez une orange, il fallait me le demander, voyons ! !" Elle agite sa baguette et, avec une certaine virtuosité, fait chuter un fruit de belle taille entre les paumes en coupe de l'enfant.

Léonie, émerveillée, sourit de toutes ses dents (exceptées celles de devant, tombées à quelques jours d'intervalle). La domestique poursuit, très sérieuse : "Si vous avez besoin de quoi que ce soit, dîtes-le moi, Mademoiselle. Ne prenez aucun risque."

La fillette hoche la tête et remercie la femme, les yeux toujours rivés sur l'orange nichée entre ses mains.

C'est ce jour-là que Léonie comprit réellement qu'elle était quelqu'un d'important. Quelqu'un qui valait la peine qu'on cueille les fruits qu'elle désirait pour elle, sans qu'elle n'ait besoin de bouger le petit doigt.

Ce fut aussi ce jour-là qu'elle prit conscience de la façon dont sa vie n'était pas vraiment entre ses mains. D'autres se chargeraient de tout pour elle. De cueillir ses fruits, de la coiffer, de l'habiller, de choisir ses bijoux. Puis, plus tard, son époux. Le prénom de ses enfants. Peut-être même la couleur de son cercueil...

Non. Jamais.

Elle croque dans l'orange et lui trouve une saveur étrange.


Ce soir, un bal est organisé au château de Giscours. Léonie a hâte ! Certes, elle apprécie les soirées passées à écouter Amaury jouer du violon, pendant qu'elle-même s'occupe méticuleusement de son herbier - elle adore cueillir des fleurs et les faire sécher ; elle a aussi appris à emprisonner leur parfum dans un flacon et rêve de créer ses propres senteurs : autant de passe-temps qu'on lui autorise, car adaptés aux ambitions qu'on lui réserve. Mais ce soir, il y a enfin de l'animation ! La jeune fille - plus tout à fait une enfant - virevolte avec délice parmi les convives, écoutant les conversations des uns et des autres, goûtant du champagne du bout des lèvres et prenant plaisir aux compliments qui lui sont adressés. On fait également les éloges du vin, ce qui la flatte personnellement - après tout, c'est SA famille qui l'a mis en bouteille, elle a bien le droit d’en retirer quelques lauriers, même si contrairement à son frère, elle a toujours eu une oreille distraite pour l’œnologie.  

Toutefois, les choses se corsent lorsqu'il faut danser.

Léonie sait qu'elle devrait apprécier ces moments et, peut-être, en profiter pour cultiver les prémisses d'une alliance avec un jeune homme de bonne famille qui lui plairait. Mais elle a beau se forcer, essayer de rire aux plaisanteries, se montrer charmante et curieuse, rien n'y fait ; son cœur reste de marbre. Peut-être est-elle trop jeune. Elle aimerait en parler avec Amaury, mais comprendrait-il ? Il doit être de l'autre côté de l'océan bariolé des convives, probablement en compagnie de Kamala de Bhopal. Léonie n’a pas peur de les déranger, mais elle sait qu’au milieu de toutes ces oreilles indiscrètes, la moindre parole pourrait être retenue contre elle.

Plus tard, lorsque la salle de bal sera déserte, uniquement peuplée des fantômes des danseurs et des bouteilles tristement alignées sur les tables, elle se laissera tomber près d’une fenêtre et observera le ciel baigné de lune, se demandant si quelque chose ne va pas chez elle. S’il est normal que lorsqu’elle ferme les yeux, ce n’est jamais un homme qu’elle imagine tenir dans ses bras.


Léonie fait mine d’ignorer la querelle qui tiraille sa famille. Si elle devait être honnête, elle dirait que son oncle n’a pas tout à fait tort de vouloir faire évoluer le marché familial – mais par loyauté envers ses parents et envers Amaury, elle tait ses véritables pensées. De toute façon, elle a d’autres choses plus urgentes dont s’inquiéter : les fiançailles, par exemple, dont l’ombre plane sur son frère et elle. Ils ne sont plus des enfants, ils doivent penser à leur avenir. A leurs affaires futures.

Léonie préfère mille fois s’occuper des affaires des autres plutôt que des siennes.

Elle ne veut pas penser à son avenir.

Elle voudrait que son frère et elle soient restés éternellement ces enfants insouciants et malicieux qui jouaient parmi les vignes en faisant tourner leurs précepteurs en bourrique... que jamais ils ne deviennent ces adultes angoissés et fiers, engoncés dans leurs principes comme dans des gabardines trop serrées...

Alors Léonie vit dans le déni, riant et s’amusant avec ses amies, ignorant la peur qui menace d’engloutir son cœur lorsqu’elle décèle la tendresse qui s’attarde dans les prunelles d’Amaury dès qu’il se trouve en compagnie de Kamala, et qui pourrait être le début de la fin ; les fiançailles de l’aîné seront la première chaîne autour de leurs avenirs respectifs.

Son Patronus est un coyote. • Elle a suivi les traditionnels cours d'œnologie réservés à la marmaille de Castel, mais ne s'est jamais réellement intéressée à la vinification. Pour elle, le vin produit par sa famille est avant tout un moyen de se faire remarquer - tout le monde veut être dans les bonnes grâces de ceux qui remplissent leurs verres. • En revanche, elle est passionnée par les plantes et la parfumerie. Elle a l'odorat très sensible et se plaît à imaginer des dizaines d'accords qui se marieraient à la perfection. Son parfum préféré est celui du jasmin, mais l'ambre lui emboîte presque aussitôt le pas. • Elle possède un cacatoès rosalbin qu'elle considère comme son bébé, nommé Praline et qui est passé expert dans l'art de répéter à sa maîtresse les conversations glanées ça et là. • Elle raffole de la nourriture italienne. • Elle a une peur panique des rongeurs - souris, rats, furets, elle les met tous dans le même panier. • Contrairement à ce que l'on pourrait croire, elle boit peu d'alcool. Pour elle, l'attrait du vin est une faiblesse - et tout ce qui pourrait la rendre faible est proscrit. • Comme son frère, elle s'est essayé à la musique mais, après avoir massacré piano, violoncelle et harpe, elle s'est cantonnée à la guitare. Elle aime beaucoup chantonner en s'accompagnant d'accords basiques ; cependant, il n'est pas sûr que ceux qui l'écoutent soient spécialement ravis de l'entendre pousser la chansonnette.

Pseudo & âge : Lou, 30 balais. Type de personnage : Issu d’une famille du forum Comment as-tu connu WLNBR ? J'y vis. *s'accroche* Crédits : avatar par mare-avatars, gif, autre