KAMALA &
PRYSHA

C’est le jour du rempotage et de l’arrosage. Le jour préféré de Prysha. Encerclée de toutes ses petites protégées: Martine l’amarante, Quentin le Kentia, Dashran le Zamioculca, Sabrina la plante cobra et tous leurs autres amis magiques ou non, elle est au paradis (parce que les plantes ça parle pas et ça raconte pas d’aneries à longueur de journée, coucou Eliaz). Assise en tailleurs dans les douches du dortoir de sel qu’elle a réquisitionné sans ménagement, les mains dans la terre et dans le terreau, elle se sent comme un vers dans la pelouse. Choisir le meilleur pot, la terre la plus adaptée, préparer le meilleurs engrais possible pour s’assurer que toutes ses chéries poussent bien et soient le plus vigoureuses possibles. Enlever les feuilles mortes, jeter un sort lustrant pour les rendre plus vertes, les asperger de produit anti-moucherons, tricher un peu pour requinquer les plus frêles a grand coup de sortilèges d’engorgement. Ça la calme, l’apaise, l’ancre un peu.

Satisfaite de son travail, Prysha s'essuya les mains et s’assura que les bulbes sauteurs, les ecchidnacés et les choux mordeurs profitaient bien du système d’arrosage improvisé (c’est-a-dire ouvrir tous les robinets en même temps et espérer pour le mieux) (peut-être que dans une famille moins favorisée on lui aurait dit que son père n’était pas un moulin a eau et que s’il avait un gros engin, ce n’était pas un moteur hydraulique) (mais les de Bhopal n’en ont rien a cirer de payer une montagne de bézants pour permettre à Henri le Tulsi de trempotter allègrement alors c’est viva la vida loca dans les douches communes)
avant de sortir et de nettoyer un peu le bazar qu’elle a mis dans le salon commun en transportant ses protégées.  C’est un bruit venant de la salle d’eau qui lui fait arrêter son ménage. Elle relève la tête, intriguée. On dirait le bruit du bois qui craque. Comme le son des maisons dont les poutres travaillent, comme une foret lorsque le vent fait s’entrechoquer des branches, comme les mats des bateaux qui menacent de briser dans la tempête. Un éclair de panique s’empare de Prysha qui se dirige presque à reculons vers l’origine du son. Ouvrir la porte. Refermer la porte. Rire nerveusement. Rouvrir la porte. La refermer. Se masser les tempes. Savoir instinctivement quoi faire, parce qu’il y a une seule chose à faire quand on fait une bêtise (non, c’est pas se dénoncer bande de fayots), c’est d’aller chercher sa sœur pour faire disparaître les preuves incriminantes et brûler les cadavres jusqu’à ce qu’il reste plus que les dents.  

Priant pour que personne n’essaye d’aller prendre une douche en attendant, Prysha se met à cavaler, sachant exactement où la trouver, c’est-à-dire dans le bureau de monsieur-professeur-je-suis-beau-dans-mes-petites-chemises-bien-repassées et non-je-ne-le-trouve-pas-particulièrement-charmant et je-ne-fais-absolument-pas-que-parler-de-lui. Une histoire de compte rendu ou elle ne savait plus quoi, son esprit avait tendance à décrocher quand son aînée se mettait à parler de M. Saint-Loup avec un regard luisant (ce qui n’arrivait pas très souvent.) (c’est faux.). Elle ralenti avant d’arriver aux abords de l’office du maître élémentaire. Paraître innocente, calme et contenue. Il n’y avait pas de problème. Pas d’urgence. Pas de bêtise. J a m a i s. Un vrai petit ange.  Elle apperçoit enfin sa sœur qui se tient de dos dans l’embrasure de la porte et la fixe de toute ses forces, espérant que leur lien psychique (non) de meilleures sœurs du monde déclencherait une petite alarme dans sa tête et qu’elle saurait immédiatement que Prysha avait besoin d’aide et se retournerait spontanément pour lui venir en aide. Mais non. Sœur indigne. La mort dans l’ame, Prysha s’approche du duo et appelle doucement sa sœur en s’eclaircissant la gorge.

“Didi?” Elle lui lança le regard numéro 43: urgence, connerie de l’année en cours d’exécution. “Veuillez m’excuser Monsieur Saint-Loup, j’aurais besoin de vous emprunter Kamala, c’est à propos de notre grand-père…” regard numéro 14: mensonge, doublé du numéro 28: culpabilité d’utiliser leur dada à des fins si peu hindoues.  

Elle leur laissa à peine le temps de réagir avant d’entrainer Kamala dans le sens inverse au pas de charge. Entre deux enjambées elle essaya d’expliquer la situation

“J’ai lancé quelques petits sorts pour m’occuper de mes plantes. Tu sais, rien de bien méchant. Comme d’habitude. Mais j’ai aussi peut-être un peu trop mis d’engrais. Rien qu’un tout petit peu.”

Elle respire un grand coup avant d’ouvrir la porte de la salle de bain  

“Je voulais juste leur donner un petit coup de pouce…”    

Et, de fait, elle n’y avait pas mis que le pouce, mais bien tout le bras. II faut dire que les plantes etaient vigoureuses maintenant. Trop vigoureuses. Beaucoup trop vigoureuses. Vraiment beaucoup beaucoup trop vigoureuses. Il y avait du vert de partout: des lianes, des eucalyptus avec des branches comme des sycomores, le bruit assourdissant des choux-mordeurs qui claquent leurs becs dans un coin (elle avait toujours su qu’elle allait s’en mordre les doigts d’avoir accepté ce projet d’herbologie) et celui de l’eau torrentielle qui coule toujours. Se balancant maladroitement d’un pied sur l’autre et se machouillant l’interieur de la joue, elle bat des cils en direction de sa soeur

“T’es pas fachée didi hein? Tu vas m’aider et on fait tout disparaître et on dit rien à personne?”

Prysha &
Kamala

Le sourire au coin des lippes, Kamala tient dans ses bras un lourd dossier de rien. Ce rien même qui porte le nom de « compte-rendu ». Parce que cela ne fait qu'une semaine que les cours ont repris, qu'aucun élève n'a encore eu le temps d'enfreindre le règlement, et qu'il n'y a donc rien de nouveau sous le ciel terrestre. Pourtant, sa motivation (qui porte sûrement une cravate, mais nous n'en dirons rien) est à son comble. Un peu trop heureuse de se promener à nouveau dans les couloirs de l'école, de reprendre ses fonctions, d'échanger avec son ses professeurs préférés... Elle était là, dans le cadrant de porte du maître de Terre, échangeant des banalités ; privilège qui lui avait été accordé durant ces trois dernières années de collaboration.

Tout semblait reprendre parfaitement son cours, mais c'était sans compter sur les bruits de pas qui s'étaient doucement approchés, ceux là même dont le son ressemblait étrangement à celui d'un bambin qui ramenait son lange souillé en le collant sur des murs immaculés. Non. Kamala n'allait pas s'en soucier, et sourirait de plus belle à M. Saint-Loup, avec une grâce certaine. « Didi ? » Raté. Ses paupières se firent soudainement lourdes et son sourire se crispa légèrement. Juste un peu. La voix de sa cadette s'éleva, révélant alors un mensonge éhonté. Fronçant les sourcils, Kamala croisa enfin le regard de sa sœur qui, vu le sourire penaud qui se dessinait sur son visage, avait sûrement encore fait une bêtise. « Qu'est-ce q-- » Elle eut à peine le temps de se tourner à nouveau vers le professeur pour lui adresser un sourire désolé que Prysha l'entraînait déjà à toute allure dans les couloirs de la résidence du sel. Ses feuilles de rien s'envolaient à mesure de leur progression, et Kamala - n'écoutant pas un mot des excuses que sa sœur avançait - espérait intérieurement que son maître d'élément ne ferait pas le lien avec elle, si jamais il venait à tombait dessus en allant fermer sa porte. Mais il a une baguette n'est-ce pas ? Il doit bien savoir s'en servir.

Arrivées à leur dortoir, Kamala fut tirée de ses pensées par le bruit assourdissant qui s'échappait de la salle de bain commune. « Je voulais juste leur donner un petit coup de pouce... » Devant elle, un spectacle digne des amplificatum les plus puissants avait pris place ; ou plutôt, avait complètement pris ses aises dans la baignoire, les douches et vasques. Une des plantes à l'allure presque humanoïde semblaient même avoir enfilé son peignoir de bain. « Hé toi ! » lança-t-elle agacée, avant de se tourner vers sa sœur, furieuse. « Oh toi... » Elle avait le regard que Prysha lui connaissait si bien, le regard de maman. Pas la mère aimante et attentionnée, non. Il s'agissait plutôt du regard de la mère qui s'apprêtait à lancer des babouches à travers la pièce pour essayer d'obtenir 100 points en visant sa tête. « T’es pas fâchée Didi, hein? Tu vas m’aider et on fait tout disparaître et on dit rien à personne? » Kamala respira un grand coup et commença à faire les cent pas. Passant et repassant devant sa sœur, lui lançant parfois des regards accusateurs (à défaut d'avoir des babouches sous la main) avant de reprendre son chemin de Compostelle. Qu'est-ce qu'elle lui ferait bien la prochaine fois ? Ce moment semblait avoir duré une éternité, jusqu'à ce que l'aînée de Bhopal ne se reprenne. « Bon. » Il allait bien falloir que quelqu'un répare tout ça, et il était hors de question d'en aviser qui que ce soit. Si Prysha se faisait prendre, elle n'aurait certes pas de retenue, mais cela aurait des répercussions directes sur l'image de leur pitaji. Une forêt luxuriante dans leur salon, c'était quelque chose, mais dans l'enceinte de Beauxbâtons...

Consciente que toute cette fanfare allait sûrement attirer les curieux, Kamala s'attela à préparer le terrain. « Je vais dissimuler cette partie de la chambre afin que toutes ces joyeusetés ne parviennent pas aux oreilles de M. Saint-Loup ou de quiconque reviendra bientôt chercher quelque chose. Mieux vaut éviter tout scandale inutile. » Un salveo maleficia devrait suffire ? Elle ne l'avait certes jamais utilisé, mais c'était un sortilège connu pour camoufler toute sorte de choses : présence, son... à quelques détails près. Tout en délimitant la zone, elle s'adressa à Prysha qui, les bras ballants, semblait de toute évidence être encore sous le coup de la panique. « Commence à t'en occuper. Un incendio devrait faire l'affaire, non ? » Le regard n°33 : répète ça encore une fois et je te rase les sourcils, répondit à sa question. « Un reducto alors ? » De son côté, Kamala - qui marmonnait encore qu'elle avait mieux à faire (genre, battre innocemment des cils dans un encadrement de porte) - lança le sort de protection, créant ainsi une barrière translucide entre la salle de bain et le reste de la chambre. Toutefois, cette dernière semblait particulièrement fragile et tremblotait légèrement. Prise d'un doute, la jeune femme se demanda si leur présence était véritablement camouflée... Peut-être qu'elles ne tarderaient pas à le découvrir.

Résultat dés:

KAMALA &
PRYSHA

Prysha se demanda avec inquiétude si tout le monde a l’air aussi bête quand il regardait une personne qu’il trouvait attirante (même si elle ne voit vraiment ce qu’elle lui trouve au Maître de la Terre il est si…)(vieux?) (plein de barbe et sans doute de poils?)(et pourquoi en est-elle à devoir penser à la pilosité excessive? de Monsieur Saint-Loup?)(est-ce-qu’il a aussi des poils dans le dos? Sur les mains?!) (ne pas regarder ses mains.)(ne.pas.regarder.les.mains.du.croulant.)(se reconcentrer sur l'inquiétude)(pas de poils, que du calme)(pas de poils…). Parce que même si Kamala, la personne la plus forte, intelligente et brave qu’elle connaissait arborait les mêmes yeux vides et luisants que les vaches sacrées qui se promènaient dans les rue de Bhopal, la cadette avait du souci à se faire. Parce qu’on ne lui avait jamais dit qu’elle avait l’air intelligent elle. Alors quand elle regarde… Est-ce-qu’elle… Non. C’etait un chemin dangereux que Prysha refusa catégoriquement d’emprunter. Se concentrer sur les faits: elle a toujours l’air parfait et gracieux, et cela même quand elle souffle comme un boeuf en tentant de disloquer l'épaule de sa soeur qu’elle entraîne derrière elle dans un nuage de feuilles vierges apres l’avoir arrachée à ses contemplations à sens unique.

Retour sur l'anxiété. Est-ce-que Prysha s'inquiète en ouvrant la porte de la salle de bain pour montrer à son aînée l’ampleur de la catastrophe qu’elle a provoqué? Non. Relisez plus haut, Kamala est la meilleure soeur de la Terre et aussi la personne la plus compétente pour gérer la plantapocalypse en cours (puisque l’incident s'était deja produit)(une seule fois, quand elle avait neuf ans)(arretez de juger, on fait tous des bêtises quand on a neuf ans) (faire pousser une forêt de palmiers qui transpercent le toit du palais Vaissier est une erreur minime que tout le monde peut comettre). Prysha plissa les yeux en regardant sa didi faire les cent pas tout qui lui lançait à intervalles réguliers des regards noirs qui voulaient dire quelque chose entre comment ose-tu prendre le risque de ridiculiser notre famille en faisant un enieme bourde stupide que je dois rattraper et je t’aime ma soeur et je ferai tout pour toi pour toujours, à jamais, nous deux contre le reste du monde j’aime tellement quand tu m’appelles à n’importe quelle heure du jour et de la nuit continue tes sottises oui oui oui. Prysha n’arrivait pas à se décider, mais elle penchait fermement vers la deuxième option.

En réalité, elle était inquiète pour sa soeur. N’avait-elle pas peur d’attraper… Des bébés??? (même en pensées, Prysha ne pu s'empêcher de murmurer le mot qui lui procura un frisson d’horreur) Mam et dadi lui avait pourtant répété, rabaché, encore et encore “Prysha, ne t’approche pas des garçons, c’est en passant trop de temps avec eux que l’on devient indisposée.” Il avait d’ailleurs fallu des heures et des heures de cajoleries pour la convaincre que le cours de danse de salon était sans danger, et que ses angoisses s'étaient un peu calmées et qu’elle acceptait de passer du temps avec la gente masculine sans craindre pour la survie de son pauvre utérus vide (et ne pas faire d’attaque à chaque fois qu’elle s’en allait dessiner Eliaz, car il n’y aurait vraiment RIEN de pire, que de contracter un bambin Caradec. Rien.) (même pas avoir un enfant aussi poilu que Monsieur Saint-Loup). Pas d’enfant sans mariage, Prysha connaissait le précepte depuis ses sept ans. Elle plissa un peu plus des yeux, sachant pertinemment que sa soeur ne ferait jamais rien pour se retrouver dans une telle situation catastrophique. Lui cachait-elle des choses? En savait elle plus que ce qu’elle lui disait sur la façon dont fonctionnait leurs appareils reproductifs? Prysha était prête à pointer un index hargneux en exigeant des réponses immédiates quand sa soeur se tourna vers elle, la detournant immediatement de ses pensées qui spiralaient hors de contrôle “Bon.”


Ah. Oui. Les plantes. La bêtise. La salle de bain. Régler le problème majeur d’abord. Parler d'utérus, plus tard. « Je vais dissimuler cette partie de la chambre afin que toutes ces joyeusetés ne parviennent pas aux oreilles de M. Saint-Loup ou de quiconque reviendra bientôt chercher quelque chose. Mieux vaut éviter tout scandale inutile. » Qu’est-ce-que Prysha disait, la meilleure. Que de bonnes idées. « Commence à t'en occuper. Un incendio devrait faire l'affaire, non ?»  

Pas bonne idée du tout. Prysha manqua de s’asphyxier et porta une main à son coeur. “Brûler mes plantes Didi? Les brûler?! Mais mais mais… Mais j’ai passé tellement de temps à m’en occuper, je ne peux pas juste les faire frire enfin Kamala, on ne peut pas les détruire, ca non, jamais! Promet moi qu’on essaiera d’en sauver la majorite, s’il-te-plaît?” Nouveau battements de cils cajoleurs. La deuxième idée de son aînée lui convient mieux, et elle la regarda jeter son salveo maleficia, qui ne paraissait pas aussi puissant que ceux que Kamala avait l’habitude de produire lorsqu’elle réparait les dégâts causés par sa soeur. Prise de remords, Prysha lui tapota le bras gentiment, baissant la tête, honteuse.

“Ça va faire l’affaire didi, tu viens d’avoir un choc… Je suis désolée, je vais essayer de faire vite pour qu’on puisse sortir d’ici rapidement, je te promets que je vais arranger les choses!”

Brandissant sa baguette d’un air sûr, Prysha s’avanca, prête à lancer le reducto le plus puissant de tous les temps. Faire vite, faire bien, faire n’importe quoi, Prysha ne sait plus. Coupable, honteuse, inquiète (de toutes ces histoire des poils et d’enfants à faire des cauchemars) (et aussi de la menace que représente sa soeur pour ses plantes) (et aussi de la menace que ses plantes représentent pour elles), la jeune fille lance un sort qui ne ressemble definitivement à aucun sort qu’elle n’a jamais entendu. A vrai dire, il ressemblait plus à un glapissement qu’à un sort. Pas le temps d'être saisie par l’horreur de la situation que la voilà aggrippée de toute part par des lianes qui semblent être retournées à l'état sauvage, et qui l'entraînent au milieu de ses enfants (légitimes), l’empechant de se servir de sa baguette magique. Prysha ne voit presque plus Kamala, entourée de plantes.

“Kamala? J’ai… J’ai changé d’avis sur l’incendio, sors moi de là!” Se débattant vigoureusement et essayant de ne pas paniquer, une idée lui vint “Peut-etre que tu pourrais essayer de les transmuter en autre chose, quelque chose d'inanimé?”

Oups. Est-ce-que sa soeur allait enfin recourir au châtiment ultimes aka la changer en rasoir magique qui serait enchanté à vie pour tailler les poils de nez de Monsieur Saint-Loup?

Prysha &
Kamala

Comment être sincèrement en colère contre une petite sœur aussi désolée que Prysha ? De toute évidence, sa bourde du jour était réellement une gaffe plutôt qu'une expérience ratée. Les dégâts provoqués au palais Vaissier dix ans plus tôt lui avaient bien servi de leçon, particulièrement lorsque les foudres des aînés lui étaient tombées dessus. La famille de Bhopal a beau être connue pour son immense sympathie et sa tolérance légendaire… elle reste humaine, et comment réagit un humain face à un somptueux plafond défoncé par Prysha et le haricot magique ? Mieux vaut laisser cela à votre imagination.

Alors que Kamala s'affairait à tester sa barrière magique quelque peu bancale, elle entendit sa petite sœur prendre les choses en main. Ou alors étaient-ce les choses qui prenaient Prysha en main ? Un glapissement plus tard, la déléguée de Terre se retourna et fit face à une scène d'horreur. « Kamala? J’ai… J’ai changé d’avis sur l’incendio, sors moi de là! » Sa baguette déjà en main, Kamala ne tarda pas à la brandir vers Prysha. Mais est-ce qu'un incendio était sans danger ? Brûler une partie de sa splendide chevelure était une chose, mais abîmer sa peau de bébé en était une autre. Devant son air perplexe, Prysha continua. « Peut-être que tu pourrais essayer de les transmuter en autre chose, quelque chose d'inanimé? » Oui. L'aînée hocha la tête. Il fallait agir vite. Mais quel sort serait le plus efficace ? Rien concernant les plantes en particulier ne lui vint à l'esprit. Un evanesco serait efficace mais impardonnable aux yeux de sa behen, qu'elle ne souhaitait pas non plus risquer de perdre à tout jamais. Le reducto venait d'être tenté, bien que ressemblant plus à un couinement qu'autre chose. Kamala se râcla la gorge. Voyons. « Volatilors ! » Des poules seraient plus faciles à maîtriser que des plantes enragées, non ?

Instantanément, les plantes qui s'étaient saisies de Prysha devinrent de gentilles petites volailles, à leur tour effrayées par les plantes sauvages qui s'agitaient dans tous les sens. Kamala s'empressa de saisir la main de sa sœur pour l'attirer rapidement contre elle. « Ca va ? Tu n'as mal nulle part ? » Elle scanna rapidement les poignets et hanches de sa cadette, à la recherche de la moindre égratignure ou goutte de sang. Tout avait l'air ok. Puis son regard glissa sur les poules qui, bien qu'innocentes et pacifiques, caquetaient encore plus fort que les jonquilles trompette. L'objectif numéro 1 devint soudainement d'empêcher leur échappée dans les dortoirs. « Merde. » Kamala jurait ? La situation devait être sacrément terrible dans son esprit. Que diraient leurs parents s'ils apprenaient que non seulement Prysha mais aussi Kamala avaient envahi Beauxbâtons d'immenses plantes animées et de toute une équipe de poulet-ailé s'égosillant dans les couloirs ? Ni une ni deux, l'aînée de Bhopal brandit à nouveau sa baguette vers les boules de plumes qui se dirigeaient déjà vers la sortie. « Wingardum leviÔsa ! » Celui-là fonctionnait à tous les coups. Une question de prononciation, pour sûr ! Les poules une fois en lévitation, Kamala eu le temps d'aller à reculons fermer la porte de la salle de bain. « On va peut-être éviter d'en créer de nouveaux. » De toutes les idées qu'avait pu avoir Kamala, celle-ci n'était sûrement pas la meilleure.

Spoiler:

KAMALA &
PRYSHA

Heureusement que sa soeur était la meilleure sœur de la Terre entière, du système solaire et de l’Univers tout entier et qu’elle ne pouvait pas résister à l'idée de la sauver de toutes les situations bizarres dans lesquelles Prysha finissait toujours pas se fourrer. Bien que ce soit toujours les situations qui viennent à elle et jamais l’inverse (tousse), la jeune de Bophal étant la sagesse, le calme et le repos incarnés (c’est en tout cas un des versions de ce qu’elle se répètait dans le miroir dès qu’elle devait faire une apparition publique). Toujours est-il que situation il y avait (et est-ce-que c’etait vraiment important de savoir à qui etait la faute, qu’est-ce-que c’etait que cette manie de vouloir toujours trouver un coupable à tout prix), et qu’elle se serait retrouver bien bête sans l’intervention de Kamala qui lui permis de se dégager de l'étreinte de la plante.
Se réfugiant dans les bras de sa soeur qui l’examinait des pieds à la tête (c’etait à ce moment là qu’elle devait faire comme si son inquiétude lui cassait vraiment les pieds)

“Merci Didi. J’aurais eu l’air d’une idiote si tu n’avais pas été là. Je compte bien avoir une mort plus épique que finir étranglée par des liannes assassines qu’en plus j’aurais créé moi-même,non merci.”

Et tandis qu’elle se prélassait comme un pacha dans les bras de son aînée, elle se rendit compte qu’elle n’avait pas vraiment fait attention au sort que cette dernière avait lancé pour lui rendre sa liberté. Ce n’est qu’en entendant le gros mot s'échapper de ses lèvres que Prysha sursauta “Mais enfin Kamala?!”. Elle entendit le ton reprobteur qui faisait vibrer sa propre voix et se figea, leurs rôles sororals inversées pour la premiere fois depuis bien longtemps (si ce n’est toujours) la laissant surprise et mal-à-l’aise.

Mais pas bien plus effarée que par les poulets qui les entouraient dorénavants, remplaçant les lianes verdoyantes menaçantes par de vivaces taches jaunes qui caquetaient joyeusement. Reprimant un rire, Prysha s’exclama “Pardon, je crois que tu avais raison finalement, merde n’est pas un mot assez fort. Des poules, vraiment? Original. ”

Et voilà que Kamala envoyait les poulets valser au plafond. Prysha regardait la scene d’un air intéressé, quoi que dubitatif des méthodes employée par la déléguée de la Terre (comme si elle pouvait se permettre de critiquer, sachant que sa strategie avait été jusque là: pleurer dans les jupes de sa soeur, manquer de perdre sa baguette, manquer de perdre la vie, et qu’elle n’avait contribué qu’à glapir des sorts incompréhensibles, inonder leur salle de bain, et s’auto-terrifier de la pilosité masculine à tout jamais). Elle tapota donc gentiment les bras de sa sœur plutot que de lui reprocher ses méthodes un peu étranges. “Bon au moins, elles n’iront nulles part.” Puis une lueur d’espoir illumina ses yeux “Tu penses qu’on pourrait les garder? Imagine, ca serait vraiment si bien, je suis sure que Madeleine adorerait avoir une petite poule aussi mignonne qu’elle. Et on aurait des oeufs pour faire des gâteaux!”

Mais les volatiles veloces voguants dans les airs se dirigeaient dangereusement vers les plantes carnivores qui semblaient déjà baver d’anticipation à l'idée d’avaler un delicieux sandwich gout plumes, volailes et traumatisme de Prysha.

Brandissant une nouvelle fois sa baguette, elle est cette fois déterminée à montrer à sa soeur qu’elle est aussi capable de faire des choses correctement. Elle jeta donc un sortilège de transfiguration et les immenses plantes carnivores se changerent en emettant un petit pop joyeux, en d’innocents petits champignons de Paris.

“Ca faisait des années que je cultivais ces plantes… Mais au moins elles n’attaqueront pas les poulets et on ne risque relativement rien avec des champignons. Enfin je m’abstiendrais d’aller les gouter, on est jamais trop sur. Tu penses qu’on s’attaque à quoi maintenant?”

Prysha &
Kamala

« Tu penses qu’on pourrait les garder? Imagine, ca serait vraiment si bien, je suis sure que Madeleine adorerait avoir une petite poule aussi mignonne qu’elle. Et on aurait des œufs pour faire des gâteaux! » La suggestion n'était pas idiote, elle était même alléchante, mais Kamala n'était pas certaine que garder des poules au palais était une bonne idée - et les garder à l'école était encore plus impensable. « C'est vrai que Madeleine est très jolie, et que la voir câliner une poule serait... adorable. » Est-ce qu'elle venait vraiment de dire ça ? « Mais malheureusement il ne s'agit que d'un sortilège. Il serait plus sage de trouver le contre-sort pour que tes plantes reprennent leur forme initiale, tu ne crois pas ? » Assurément. La voix de la raison avait retrouvé sa place dans les paroles de l'aînée de Bhopal.

Enfin, maintenant qu'elles se retrouvaient face à une horde de poulets littéralement volants  qui s'apprêtaient à se faire dévorer d'une minute à l'autre par d'immenses plantes baveuses, Kamala et Prysha ne savaient plus s'il fallait se réjouir de la libération de la cadette en continuant de faire des plans sur la comète, ou s'inquiéter du sort des volatiles et sauver leurs miches d'un cruel destin. Agir semblait une option plus qu'appréciable, et cette fois, c'était Prysha qui se chargeait du sale boulot.

Les sourcils légèrement froncés par l'anxiété, Kamala observa sa sœur dégainer sa baguette. Elle avait tout d'une grande, notamment lorsqu'elle transforma les menaces végétales en charmants petits champignons de poêlée, un air déterminé passant comme une ombre sur son si joli visage avant de laisser place à une imperceptible moue de déception. « Tu penses qu’on s’attaque à quoi maintenant? » Kamala ne pris même pas la peine de réfléchir et brandit immédiatement sa baguette vers la dernière menace qui occupait les lieux. « A ces petites crapules. » Le sourire qui peignait le visage de la déléguée de Terre lui était jusqu'alors inconnu. Un sourire malicieux, le préféré des pècheresses.

« BOMBARDA ! J'ai toujours rêvé de fai-- » Sourire qui s'évanouit aussitôt, alors que les sœurs se retrouvaient abondamment arrosées d'une purée de choux collante. « En fait, on aurait peut-être mieux fait de rester couchées. » Tout à fait, car si les bêtises de Prysha étaient désormais neutralisées, il fallait encore tout nettoyer, et trouver une solution pour les poulets dont la tête cognait le plafond en petits rebonds, avant qu'ils ne deviennent totalement fous. Jetant un regard à sa sœur avant de se mettre à l'œuvre, elle lui lança un sourire presque amusé, passant un doigt sur la purée qui s'était étalée sur la joue de sa cadette. « Désormais on peut dire que tu as tes plantes dans la peau. » Badum tss, la mom joke de l'année ! Ne restait plus qu'à prier pour que M. Saint-Loup ou aucune petite balance n'ait surpris leur aventure du dimanche samedi.

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