Installée dans le somptueux salon de la résidence du soufre, Poppy se laissait aller à ses pensées. Sa longue chevelure blonde encadrait son visage, et ses yeux pétillants étaient rivés sur l'horloge qui semblait suivre son propre rythme. Une conversation entre les élèves résonnait en arrière-plan, mais son esprit était ailleurs, captivé par les mystérieux ragots rapportés par Madeleine plus tôt dans la journée.

L'histoire de cette pièce éphémère surgissant aux heures miroirs avait allumé en elle une étincelle de curiosité. Si d'habitude elle n'était pas des plus aventureuses, elle ne pouvait s'empêcher de se demander ce qui se cachait là-bas, et avait accepté d'y rejoindre sa meilleure amie après les derniers cours de la journée.

Les minutes s'étiraient, s'approchant doucement de l'heure fatidique, et finalement, Poppy se leva d'un bond, incapable d'attendre davantage. Son cœur battait la chamade alors qu'elle se dirigeait rapidement vers le lieu convenu. La nuit n'avait pas encore enveloppé l'école de son manteau étoilé, mais une aura de mystère flottait déjà dans le couloir.

Poppy arriva devant la prétendue porte secrète, peu de temps avant l'heure miroir que Madeleine et elle avaient choisi : 20h20. Assez tard pour avoir déjà englouti sa… pomme ? Un dîner déjà plus requinquant que le verre d'eau de la veille. Mais pas assez pour outrepasser le couvre-feu. Fixant le mur, elle retint son souffle, sentant l'excitation monter en elle. Des pas légers se firent entendre derrière elle, et en se retournant, elle découvrit Madeleine, qui s'approchait avec un large sourire.

« Maddyyyy ! » lança-t-elle dans un cri de souris. « On a encore quelques minutes avant l'heure miroir. Je suis trop excitée ! » Ses mains saisirent celles de Madeleine, les secouant en petits gestes rapides. « Imagine, on découvre un trésor ? Ou encore mieux, UN HOMME !? » Devant les yeux écarquillés de la rouquine, Poppy ajouta : « Enfin, un homme euh, vivant hein. Pas un homme genre, couic, cadavre. Ça c'est yikes, no. Je veux dire, un homme digne du calendrier des dieux du Botteballon ! Un étalon tu vois ? L'homme idéal ! » Elle ne songea pas un seul instant qu'un homme caché dans une pièce secrète d'un vieux château rempli d'adolescentes était légèrement déroutant. Elle visualisait.

« OU ALORS ! Ou alors, un gigantesque dressing !? Avec TOUTES les fringues dont on a toujours rêvé ! IMAGINE !? On serait encore plus éblouissantes que tes petites nobles ! Des paillettes, du glamour, des PLUMES ! J'adore les plumes. J'aime la moumoute aussi, il faut qu'il y en ait ! Je- » Finalement, l'horloge marqua l'heure miroir, et la porte magique se dévoila dans une douce lueur à peine perceptible. Les doigts encore entrelacés à ceux de Madeleine, Poppy lui jeta un regard complice, à mille lieues de redouter qu'un danger puisse les y attendre. Et sans plus hésiter, elle posa une main sur la poignée dorée qui venait d'émerger.