outfit (haut noir)
Sélène a toujours eu une tendance forte à aider les plus démunis. Les plus perdus. Ceux qui avaient aussi parfois le plus de mal à demander de l’aide. Elle a toujours aimé, et su, les repérer dans une foule de visages inconnus.
Lorsque une nouvelle jeune élève de son élément est venu la trouver avec une baguette achetée à la boutique de son père, elle l’a tout de suite reconnue comme étant l’une de ces âmes perdues, qui osent pas, qui sont seuls et désaventagés par la vie.
Elle la regarde à peine, semble trouver ses chaussures bien plus intéressantes que son visage et le sol semble lui donner une bonne distraction alors qu’elle le frappe doucement avec son pieds.
Sélène ne veut pas la brusquer avec elle sourit juste et retourne à ce qu’elle faisait ; Lire un texte de loi. Parce qu’elle a cette étrange l’impression que c’est probablement ce qu’elle va faire pendant une grande partie de l’année.
“Mademoiselle Acajor ? Euh. Sélène. Mademoiselle Sélène ? Euh…” Pauvre gamine.
Sélène ferme son livre sur ses genoux et se décalle sur le banc sur lequel elle avait pris place, proposant à la jeune fille, rousse, de s’asseoir à côté d’elle.
“Sélène, c’est bien suffisant.”

Elle lui demande pas directement ce qu’elle peut faire pour elle. Elle ne peut que faire des suppositions en voyant la baguette dans ses mains fébriles, pas dans la meilleure de ses formes. Elle est pas cassée, et bien loin d’être irréparable, mais elle comprendrait qu’elle ait du mal à l’utiliser dans cet état.
Elle veut pas la brusquer non plus, et si dans deux minutes elle ne lui a toujours rien dit, alors elle prendra les devants. Ne pas la brusquer, bien sûr. Perdre son temps, non.

Il lui faut près d’une minutes trente pour enfin se racler la gorge et réussir à parler. “Ma baguette, elle… elle a un problème et… je sais pas enfin. On m’a dit qu’on pouvait venir te voir pour…enfin…”
Sélène expire. Peut-être un peu trop fort, peut-être pas la meilleure des façons de ne pas montrer à la jeune élève que sa demande l’embête. Pour être poli.
Elle aime aider les jeunes, aime les défendre contre les plus âgés, plus riches, plus forts. Mais elle est pas réparatrice de baguette magique.
“Tu sais ce qu’il s’est passé ?”

La gamine se lance dans une explication, probablement bien trop longue pour finalement ce qu’elle avait à dire, comme quoi elle aurait essayé de graver elle-même sa baguette parce que ses parents avaient pas eu l’argent de la faire graver à la boutique.
Mauvaise idée.
Sélène tend sa main vers la jeune rousse pour recueillir sa baguette blessée entre les doigts.
“Je vais voir ce que je peux faire, d’accord ? Mais je te promets rien. Tu peux me la laisser deux heures ? T’as pas de cours ?”
La jeune fille hoche la tête et s’en va, non sans lui avoir dit deux bonnes grosses dizaines de merci. Pour un service que peut-être Sélène ne pourra même pas lui rendre.

Les mèches blondes qui lui enserclaient le visage lorsqu’elle lisait le livre disparaissent rapidement lorsqu’elle relève ses cheveux en une queue de cheval tirée. La science des baguettes est bien trop précise pour qu’elle ne soit ne serait-ce qu’un chouilla empêchée de voir par un ou deux cheveux tombant devant ses yeux.

Ça fait bien une heure et demi qu’elle travaille sur la baguette, utilisant sa propre baguette et quelques ustensils qu’elle a récupérer dans son sac. Là où les filles ont généralement du maquillage dans leur sac, elle a des ustensils pour travailler le bois.
Pour l’instant, la baguette n’a pas l’air d’aller bien ; le bois est ouvert là où la jeune élève a essayé de tailler et Sélène peut clairement voir qu’en taillant trop haut, elle a touché le coeur. Ou en tout cas, elle l’a exposé. Dans un des cas, elle ne pourra pas régler le problème par elle-même du tout, dans l’autre, peut-être, mais ce sera jamais comme avant, pas jusqu’à une réparation en magasin.

Elle arrête de passer un chiffon sur la baguette lorsqu’elle sent les quelques cheveux sur sa nuque, échappés de sa queue de cheval, se hisser. Elle relève les yeux, observant ses alentours. Qui ?
Raphaël Delestre est là, à quelques mètres d’elle, les yeux rivés sur elle.
Merlin, qu’est-ce qu’il peut bien lui vouloir ?

@raphaël delestre

outfit (haut noir)
Elle le connaît, Raphaël. Moins personnellement que par des rumeurs. Mais ce qu’elle entend de lui n’est jamais bien positif. Enfin… Tout dépend de qui parle de lui. Il y a ceux qui l’encencent sans réelles raison. À part si, bien entendu, l’on considère créer des emmerdes comme étant une bonne raison. Puis y’a les autres. Ceux qui sont plus proches de l’éthique de Sélène qui ont plutôt tendance à dire et répéter que Raphaël n’a probablement rien à faire à Beauxbâtons puisqu’il semble incapable d’être sérieux plus de quelques minutes.

Du coup, forcément, alors qu’elle le voit s’approcher d’elle comme ça, comme s’il essayait de faire le moins de bruit possible, elle se demande forcément ce qu’il lui veut.

Lorsqu’il lance ses premiers mots, Sélène comprend qu’il a probablement juste décidé de venir la voir parce qu’elle était au mauvais endroit au mauvais moment. Manque de chance. Il lui demande ce qu’elle fait. L’appelle par son nom de famille. Les gens ont plutôt tendance à l’appeler Sélène, trop peur d’appeler par inadvertance son frère.

Plus il parle, plus Sélène se demande ce qu’il veut. Est-ce qu’il s’ennuie à ce point, à venir la déranger alors qu’’elle travaille sur une baguette ? Est-ce qu’il ne sait pas que ça peut vite être dangereux et instable et que la déranger n’est probablement pas la meilleure des idées qu’il ait eu ?
Oh,  quoique… Raphaël ne semble en général pas trop avoir de superbes idées. Celle ci est cependant bien stupide.

“Je préfère travailler seule.”

Sa voix n’est pas froide per se, mais elle est pas bien chaleureuse non plus. Elle est déjà repartie sur sa baguette et lui a répondu sans meme le regarder.
Elle espère qu’il va comprendre le message et la laisser tranquille.
Mais quelque part, elle sait déjà que c’est pas le cas et qu’il va insister.

C’est ce genre de gars, de ce qu’elle a entendu de lui.

@raphaël delestre