Les secrets, les rumeurs et autres légendes urbaines, autant de choses faites pour attiser la curiosité et qui fonctionnaient on ne pouvait mieux sur le d’Ornessan qui voulait toujours savoir ce qu’il se cachait derrière chaque petite légende, sachant qu’une aventure, qu’elle soit passionante ou ennuyeuse l’attendait, que des anecdotes dont il pourrait s’amuser viendraient sur le chemin vers la résolution du mystère qui lui semblait presque secondaire. Même si le résultat n’était que trop rarement celui escompté, le simple fait de savoir ce qu’il en était véritablement derrière chaque mystère qui faisait trembler certains élèves superstitieux était un bonheur dont il ne se lassait jamais, et encore moins lorsqu’il le partageait avec certaines personnes qu’il osait ranger dans la catégorie de ses amis. C’était bien là son idée lorsqu’il avait proposé à Esther de le rejoindre dans la salle commune, partager une aventure palpitante pour égayer un peu la routine scolaire qui devait en ennuyer plus d’un.

Il donna le change jusqu’à l’heure fatidique, comme à son habitude, jouant l’érudit, le consciencieux. Après tout, ses cours d’étiquette organisés par ses parents et son grand-père devait bien servir à quelque chose, et dans son cas, c’était pour se faire passer pour ce qu’il n’était pas : un noble bien sous tout rapport. Et pourtant il n’attendait que cela, une occasion de faire tomber le masque, cette persona qui l’ennuyait autant qu’une cage dorée empêchait un oiseau de voler. Quelques sourires, des conseils et un ton de voix qui ne laissait transparaître que trop peu les soupirs d’ennui que son esprit mourait d’envie d’accomplir. Tout ça pour enfin avoir ce moment de liberté qui arrivait enfin alors que les délégués étaient dans leurs chambres, alors que les lumières commençaient peu à peu à s’éteindre et que le silence amené par Morphée, et surtout le couvre-feu, recouvrait le dortoir.

Arrivant dans la salle, il trouva sa comparse dans le canapé, en train de l’attendre le nez dans un bouquin et qui ne passa pas par quatre chemins pour lui demander ce qu’il avait concocté comme excursion.

« Tu as entendu parler de cette histoire de salle cachée dans les sous-sols ? Il parait qu’elle n’apparaît que la nuit et que personne n’y est jamais entré… De sacrés froussards si tu veux mon avis. » Dit-il alors en attrapant une pomme dans le panier de fruit posé sur la table devant les canapés. Loin de la manger, il commença à lancer cette dernière et à la rattraper, signe manifeste de son empressement. La rattrapant d’un coup ferme, il continua. « Alors je propose qu’on trouve cette salle si elle existe, et sinon, une expédition nocturne dans les sous-sols de Beauxbâtons est toujours un bon moyen de se faire quelques frayeurs. » Dit-il alors, sourire aux lèvres. Ces frayeurs dont il parlait ne l’effrayaient pourtant pas, au contraire même, et c’était bien là l’origine de ce rictus. Les surprises feraient probablement le sel de cette sortie dont il espérait bien profiter pleinement.

« On ne devrait pas trop avoir de problèmes avec les délégués, même si… On n’est jamais sûr de rien à ce niveau là non plus, mais j’ai ma petite idée sur leurs rondes et comment les éviter… Alors, partante ? » Acheva-t-il, tendant la pomme qu’il avait pris dans sa main vers la jeune Béguin, comme un contrat qu’ils signaient pour cette soirée qui serait possiblement mouvementée.