Kamala &
Manami

Alors que Prysha se tournait dans son lit pour tenter de s'endormir, Kamala mettait de l'ordre dans ses affaires. Elle avait passé la soirée dans le séjour verdoyant de la résidence du sel, entamant un ouvrage de broderie aux côtés de sa sœur qui, elle, avait tenté en vain d'aquareller son portrait, trop distraite par la discussion animée d'Harlan et Antigone à laquelle elle avait une féroce envie de participer. Une histoire de stratégie pour le premier match de botteballon de l'année, si elle avait bien compris. Rien qui n'intéresse vraiment Kamala, aussi avait-elle pu se concentrer sur son propre ouvrage : de jolies grenades perlées. La grand-mère en elle avait une toute aussi féroce envie d'aller se coucher, mais les onze heures du soir allaient bientôt sonner, accompagnant le couvre-feu ; et ce soir, le premier tour de ronde était inscrit dans son emploi du temps. « Bonne nuit behen. » lança-t-elle à sa cadette en se vêtant d'un châle doux ; l'automne approchait doucement, et les nuits commençaient à se faire plus fraîches. Se saisissant de sa baguette, elle referma doucement la porte de la chambre derrière elle.

Kamala arriva la première à l'annexe sidérale, très animée de jour, et plongée dans un silence assourdissant la nuit. Ses pas résonnaient en échos alors que son regard scannait les environs. Elle avait pris le soin - comme toujours - de lire les instructions de sa ronde, et savait donc qu'elle allait passer une partie de la nuit avec Manami. Elle en était heureuse. Elle avait besoin d'une atmosphère décontractée ce soir, et faire sa ronde avec une amie chère plutôt qu'un maître d'élément était un petit soulagement. Plantée au rez-de-chaussée, elle refermait son châle sur sa poitrine, éclairée d'un lumos, songeant alors à ses premières impressions lors de son élection en tant que déléguée ; elle n'était jamais vraiment rassurée d'attendre seule la nuit, et appréhendait toujours un peu ses rondes. Aujourd'hui, Kamala était plutôt de ceux qui rassurent les plus jeunes lors des gardes, et l'obscurité ne semblait plus du tout avoir cet aspect effrayant qu'elle craignait jusqu'alors. Au contraire, elle lui trouvait un petit je-ne-sais-quoi de réconfortant, un peu comme un vieil ami à qui l'on donnerait chaque jour un rendez-vous  crépusculaire.

De légers pas s'approchèrent enfin, à un rythme un peu plus soutenu que les siens, ralentis par la fatigue. « Te voilà. » commenta-t-elle dans un sourire en apercevant le minois de la jeune du Chesnes, qu'elle gratifia d'une bise de salut. « Pas trop fatiguée ? On peut commencer par la bibliothèque peut-être, certains s'y sont sûrement endormi. » ~  @Manami du Chesnes

Kamala &
Manami

Elle écrit le dernier mot dans son journal et le ferme précieusement avec l’enchantement fait pour. Ce qu’elle a écrit n’a pas grande importance. Manami s’est vite rendue compte que toutes les journées n’étaient pas pareillement palpitantes ou intéressantes. Manami s’est aussi vite rendue compte que c’était loin d’être une mauvaise chose. Elle aime les journées chargées, celles dans lesquelles elle peut s’exprimer sur le papier et déverser ses émotions. Elle aime tout autant les calmes, les paisibles où les seuls mots sur les pages sont des décriptions d’actions sans réelles importances.
Le cahier rangé dans son tiroir fermé à clé, il est temps pour la jeune femme de se préparer à sa ronde. Ce soir, elle partage son tour de surveillance avec Kamala. Kamala à qui elle voudrait parler de quelques informations qui lui sont arrivés à l’oreille. Elle a toujours considéré Kamala comme un membre de sa famille. Ça n’a jamais été compliqué, elle était toujours fourrée chez eux ou eux chez elle. Et pourtant… Pourtant, elle n’a jamais considéré Prysha comme réellement de sa famille. Elle l’aime beaucoup et Prysha reste une personne qui compte beaucoup pour elle, mais pas autant que Kamala. Peut-etre que ça a un lien avec l’amitié qui relie la jeune femme et Haruo, ça a probablement du jouer. Prysha a jamais eu cette proximité avec le plus grande de la fratrie du Chesnes et Manami a donc pas eu la chance de s’attacher autant à elle qu’à sa grande soeur.
Assise sur son lit, elle regarde dans le vide. Elle pense à Kamala, à Haruo, à leur amitié, à l’amour assez évident de son frère pour son amie d’enfance, puis aux nouvelles qu’elle a apprit. “Rien de concret”, on le lui a précisé, mais ne serait-ce que le fait que l’idée ait été donné donne à réfléchir à Manami. Est-ce que ça va changer quoique ce soit dans leur dynamique s’ils venaient à se fiancer ? Est-ce que leur relation à elles deux changerait ? Elle la considère comme sa soeur, mais est-ce que le changement entre “considérer” et “etre” serait bénéfique ? Ou non ?

Lorsqu’elle finit par se lever pour rejoindre Kamala et faire leur tour de garde, elle a des questions pleins la tete. Elle sait déjà qu’elle n’en posera aucune. Ou en tout cas, pas celles qu’elle se pose réellement. Pas celles qui l’inquiètent.
Avec l’impression qu’elle est en retard, elle marche vite et prend encore un peu de vitesse lorsqu’elle voit finalement Kamala. Elle la salue avec ce que Manami considère, probablement à tord, comme un reproche envers son retard et lui fait la bise. Kamala prend le lead, pas quelque chose qui surprend forcément Manami. Avec les De Bhopal, et meme si Chihiro lui en voudrait probablement, elle ne se sent pas dans l’obligation de toujours garder le lead et ce role de princesse de glace. Alors elle sourit légèrement et hoche la tete. La bibliothèque semble etre une bonne idée.

Elles se mettent à marcher, doucement sans pour autant prendre leur temps. C’est pas bien longtemps après s’etre mis en mouvement que Manami prend la parole. “Dis…. Des rumeurs sont parvenus jusqu’à mes oreilles.” Elle laisse en suspens. Elle veut pas trop en dire trop vite. Elle veut laisser le temps à Kamala de lui dire clairement si elle ne veut pas en parler ou autre chose. Avec quiconque d’autre, elle n’aurait probablement pas pris ces gants ci. Mais elle s’inquiète déjà bien assez du futur de leur relation amicale pour en plus ajouter une dispute sur un sujet qui aura largement le temps d’arriver sur la table plus tard. ~  @Kamala De Bhopal

Kamala &
Manami

Il n'était pas rare de trouver quelques élèves assoupis dans la bibliothèque, toutefois, il était plus courant de les trouver cachés dans des lieux improbables avec quelques petits trésors dissimulés. Et puis, qui pourrait bien se tuer à la tâche dès la première semaine de la rentrée ? Kamala considéra sa décision comme un sursis pour les éventuels retardataires, un pas d'avance pour les plus entêtés, bref une grâce accordée naturellement par l'une des déléguées les plus douces de l'école.

Marchant d'un pas assuré aux côtés de Manami, Kamala balayait les couloirs du regards, espérant n'avoir à tomber sur personne ce soir, afin de profiter de son moment avec la cadette du Chesnes qu'elle n'avait pas revue depuis un long moment. Avait-elle eu vent des rumeurs récemment lancées ? L'indienne songea un instant aux proportions qu'elles avaient pu prendre. Remontées jusqu'aux oreilles de ses parents, qui avaient été aussi ravis que surpris d'apprendre que Claire du Chesnes voulait la fiancer à Haruo, Kamala avait du donner des explications, aussi puériles soient-elles. « Dis…. Des rumeurs sont parvenues jusqu’à mes oreilles. » Oh.

Kamala se figea avant d'arriver devant la porte de la bibliothèque. Les réponses à ses interrogations arriveraient-elles aussi rapidement ? Déglutissant discrètement, elle haussa les sourcils et fit face à son amie. « Des rumeurs ? » Plissant les yeux un instant, elle sonda l'expression de Manami. A l'évidence, toute l'école savait, bien sûr. Manami n'était pas idiote, elle ne l'avait jamais été, et elle espérait qu'elle n'ait pas cru une seconde à ces bruits de couloir. « Oh, donc tu sais. » Kamala soupira, pas par dépit, mais plutôt de soulagement. Enfin quelqu'un qui voulait bien la croire, et si Prysha était un soutien sans faille, elle semblait prendre cette rumeur à la rigolade, comme si le destin de sa propre sœur n'était qu'une blague. Après tout, Prysha était encore persuadée qu'on pouvait « attraper » un bébé en frôlant un homme, alors comment lui en vouloir ?

Si l'heure était aux confidences, il valait mieux baisser d'un ton. « Qu'en penses-tu ? » chuchota la noble. Naturellement, Kamala se rapprocha de Manami et lui saisit les mains. Cherchant dans son regard un quelconque réconfort, lui assurant que tout ça n'aurait pas de conséquence. ~  @Manami du Chesnes

Kamala &
Manami

Elle considère qu’elle a de la chance que ce soit Kamala qui soit envisagé comme fiancée pour Haruo. Après tout, elles se connaissent, elles sont amies. Et en même temps… En même temps elle a peur. Parce qu’elles sont amies. Lorsqu’ils seront mariés, ils auront une famille, ils auront leur maison, ils partiront loin tous les deux. Sans elle. Rares sont les personnes que Manami considère comme de vrais amis, rares sont ceux qu’elle connaît vraiment. Kamala est l’une d’elle et elle veut pas la perdre. Elle veut pas la perdre, même face à Haruo, même alors qu’elle est heureuse pour eux deux. C’est probablement égoïste mais sans sa relation avec Kamala, elle sait pas vers qui elle pourrait se tourner. Elle a quelques bons vrais amis masculins mais chez les filles, les amitiés  se font plus rares. Kamala en première place.
Il faut juste qu’elle arrive à se souvenir que leur bonheur, à Kamala et Haruo, est plus important. Qu’elle sera de toute façon un jour mariée, elle aussi. Autant que Haruo et Kamala soient mariés ensemble, à quelqu’un qu’ils connaissent et qui, dans le cas d’Haruo, aime déjà.

Les mots à peine sortis de ses lèvres que Manami marche seule. Elle finit par s’arrêter lorsqu’elle s’en rend compte. Elle se retourne vers Kamala qui s’est arrêtée. Est-ce qu’elle lui en veut d’avoir posé la question ? Est-ce qu’elle n’est pas censée être au courant ? Maintenant qu’elle y pense, il y a tellement de raisons pour que poser cette question à ce moment là soit mal pris ; Ce n’était pas le moment, ce n’est pas acté, elles font leur ronde, ça peut encore ne pas se faire. Peut-être même qu’Haruo et elle se sont disputées. Tout est possible et Manami a peut-être mis le pied dans un plat auquel elle ne s’attend même pas. Elle voit Kamala hausser les sourcils et Manami attend sa réponse comme un accusé attendrait sa sentence. Des rumeurs, qu’elle demande. Elle ne répond pas à voix haute, hoche juste la tête. Des rumeurs, des bruits de couloirs. Elle se demande Manami, si lorsqu’elle se fiancera, les autres l’apprendront aussi par des bruits de couloirs.

Pourtant, lorsque Kamala réagit, ce n’est pas de la façon que Manami attendait. D’aucune des façons qu’elle pouvait imaginer. Elle a presque l’air soulagée. Donc tu sais. Oui, elle sait. Elle sait et elle est heureuse. Elle est juste égoïstement effrayée de perdre les gens qui sont les plus proches d’elle. Bon, elle aura toujours Chihiro. C’est bien la personne qui ne la quittera jamais. C’est pas comme si Claire avait dans l’esprit de la fiancer.

Elle lui demande ce qu’elle en pense, comme un secret qu’elle lui transmet tout en chuchotement. Manami sourit, lui offre un rare sourire alors qu’elle lui répond ce qu’elle pense. “Je suis heureuse pour lui. Pour vous. Je suis contente que ni lui ni toi ne soyez fiancés à un ou une inconnu.” Elle réfléchit quelques secondes avant de reprendre. “Puis… Tu vas devenir ma belle soeur, et ça, j’en suis vraiment ravie.” Elle hoche la tête comme pour confirmer ce qu’elle vient de dire. Oui. Elle est heureuse. Puis Kamala n’a vraiment pas besoin de connaître ses insécurités. Kamala n’a pas besoin de savoir qu’elle a peur de la perdre. ~  @Kamala De Bhopal

Kamala &
Manami

Les yeux de Kamala, inquiets, soucieux, mais à la fois très ronds se balançaient d'une pupille à l'autre de Manami. Elle attendait son avis. Mais avait-elle compris ? Ou sera-t-elle elle aussi convaincue de la véracité de ces rumeurs ? Son pouce caressa inconsciemment le dos de la main de sa cadette, comme une mère aurait pu le faire ; douceur naturelle et instinctive de l'indienne envers ses aimés. Savait-elle quelque chose quant à la personne qui pouvait bien être la source de tout ce remue ménage ? Ou est-ce que...? Ca n'était pas qu'une rumeur ? Après tout, il n'y avait jamais de fumée sans feu n'est-ce pas ? En atteste Raphaël Delestre.

Heureusement, un sourire se peignit sur le visage de la porte-parole de l'Air. Un sourire aussi rare que merveilleux. Manami n'avait sûrement pas conscience de son charme, et même si elle restait très jolie en temps normal, elle était somptueuse lorsqu'elle exprimait sa joie. Ce sourire, inexplicablement contagieux, se propagea aussitôt à Kamala. « Je suis heureuse pour lui. Pour vous. Je suis contente que ni lui ni toi ne soyez fiancés à un ou une inconnu. » Un sourire qui disparut aussitôt. Si Manami était dupe, alors qui d'autre dans son cercle familial y croyait aussi sincèrement ? Il fallait vraiment que l'indienne ait enfin une discussion avec Haruo. Il devait sûrement savoir, lui. A moins qu'il ne s'agisse pas vraiment d'une rumeur, et que Claire du Chesnes ait réellement planifié tout cela dans le dos de Kamala ?

« Puis... Tu vas devenir ma belle-sœur, et ça, j'en suis vraiment ravie. » Malaise. Comment lui dire, désormais ? Comment dire à la jeune femme qui se réjouissait sincèrement devant elle, que tout ça n'était qu'une mascarade ? « Tu le penses vraiment ? » Bien sûr, pourquoi mentirait-elle ? « C'est vraiment adorable, mais... » Elle marqua une pause, puis relâcha les mains de Manami tout en poussant enfin la porte de la bibliothèque. « Ecoute, je dois être franche avec toi. Je sais qu'Haruo et moi sommes inséparables depuis tout petits, et qu'un mariage ne serait une surprise pour personne. » Toutefois, l'expression de Kamala trahissait ses véritables pensées. Devrait-elle en faire part à Manami ? Elle se tourna à nouveau vers elle, la gratifiant cette fois d'un sourire sans joie. « Ce ne sont que des rumeurs... Je ne suis pas sûre de qui a bien pu les lancer, ni même quand est-ce que tout ça a commencé, mais il n'a jamais été question que nous nous fiancions. » Etrangement, le cœur de Kamala sembla lourd, très lourd. Parce qu'elle ne voulait pas faire de peine à Manami, et qu'elle venait à l'instant de faire face à une réalité. : un jour, elle perdrait très certainement Haruo. ~ @Manami du Chesnes

Kamala &
Manami

L’avoir en tant que belle-soeur serait le meilleur moyen de toujours l’avoir prêt d’elle. Le nombre d’amitié que Manami a gardé, à été autorisé à garder, au fil des années est petit. Il se compte en chiffre. Il se compte sur les doigts d’une main seule. Kamala, Lancelot, quelques autres personnes dispersées. C’est normal qu’elle n’ait surtout pas envie de les perdre. Et elle a l’impression, la forte impression que si Kamala venait à épouser quelqu’un d’autre qu’un du Chesnes, alors elle la perdrait, elle aussi. C’est égoïste, c’est presque un caprice d’enfant mais c’est une peur réelle, et c’est pas la première fois qu’elle la ressent.
Elle voit pas le sourire de Kamala qui disparait lorsqu’elle lui dit qu’elle est heureuse pour eux. Elle refuse de le voir, joue l’aveugle. Elle sourait tout à l’heure, alors elle continue probablement à sourire. Son visage neutre est probablement un jeu de lumière.
Puis si c’est comme ça, Manami sourira pour deux. C’est pas comme si elle avait souvent l’occasion de sourire. Lorsqu’elle se l’autorise autant qu’elle y aille à fond.

Elle lui demande si elle le pense vraiment. Si elle lui demande ça, c’est probablement qu’elle avait peur de sa réaction. Probablement qu’elle craignait qu’elle ne veuille pas l’accueillir chez les du Chesnes. Quelle blague. Bien sûr qu’elle la veut dans leur famille… C’est pas, après tout, comme si elle en faisait pas déjà un peu partie.
Il lui prend l’envie de la rassurer, de lui dire que, bien sûr qu’elle le pense vraiment. Qu’elle n’imagine personne d’autre en temps que belle soeur qu’elle, Kamala.

C’est pour ça qu’elle ne comprend pas le mais. Elle ne comprend pas non plus lorsqu’elle lui lâche les mains et qu’elle pousse la porte de la bibliothèque.
Manami hausse les sourcils, surprise du changement extrême de ton dans la conversation.
Elle essaye de garder son sourire, même s’il est plus collé qu’autre chose. Comme si elle le forçait sur son visage pour retarder le plus possible la chute de la dose de bonheur que lui a fait miroité Kamala.
Lorsqu’elle parle de nouveau, elle commence par parler de l’évidence. Non, non bien sûr que non ce serait une surprise pour personne. Puis… C’est ce qu’il va se passer, non ?

Le couperet tombe lorsqu’elle lui dit que ce ne sont que des rumeurs. Qu’il n’a jamais été question qu’ils se fiancent. Sauf que… Si. Bien sûr que si… Après tout, elle en a entendu parler. Même Haruo avait l’air de dire… Elle baisse les yeux quelques secondes, essaye de pas trop lui faire voir que ça la touche. ”Oh…”
C’est un échec.
Elle inspire un grand bol d’air et expire, laissant retomber ses bras comme dans un faux signe d’acceptation inintéressée.
Kamala va partir. Elle va finir par s’en aller.
“Après, peut-être pas maintenant ? Peut-être, peut-être que plus tard, ce sera d’actualité, non ?” C’est sa dernière bouée à la mer. Elle l’envoie et espère que son amie la prenne.
Sans Kamala, la vie chez les du Chesnes sera encore plus compliquée. Claire a toujours eu un respect léger mais présent pour Kamala (chose qu’elle n’a jamais même eu pour Manami et encore moins pour Chihiro). Si elle part, si elle épouse une autre famille noble, la Marquise reportera un respect quelconque sur une d’elles, probablement Manami et elle sait, elle sait qu’elle ne supportera pas la pression d’un faux respect. D’un respect par défaut. Surtout si sa confidante, sa soeur de coeur, son modèle, son amie, n’est pas là pour la consoler quand les mots sont trop durs ou les attentes trop hautes.
Elle peut pas partir.
La rumeur peut pas être infondée. Elle peut pas. ~  @Kamala De Bhopal

Kamala &
Manami

Manami avait beau exceller à dissimuler ses sentiments auprès de ses pairs, Kamala avait appris au fil du temps à percevoir des failles dans ses expressions faciales et, dans son silence déçu, dans ce soupir retenu, dans ce « Oh... » échappé, une tristesse s'était glissée, évidente. L'Indienne, toujours à l'écoute de ses subtilités, avait perçu l'onde de chagrin qui se répandait en elle. « Manami... » Un pincement d'apitoiement fit frémir ses sourcils, mais sa cadette enchaîna, prenant sa suite dans la bibliothèque a priori déserte. « Après, peut-être pas maintenant ? Peut-être, peut-être que plus tard, ce sera d’actualité, non ? » Kamala jeta un œil entre les rangées d'étagères, espérant ne pas avoir à séparer - cette fois encore - la jeune Grimsbane d'un quelconque mufle aux rouflaquettes ruisselantes d'un effort peu reluisant.

Pas de réfractaire au couvre-feu à l'horizon. Ouf.

« Peut-être... » À vrai dire, Kamala n'en savait rien. Si ses plans de mariage avaient été évoqués ici et là, rien n'avait encore été décidé ; elle espérait juste que ses parents n'aient pas accepté une alliance sans la prévenir auparavant. « Est-ce que tu as entendu quelque chose, au château de Balleroy, cet été ? » Car si ces rumeurs étaient bien nées quelque part, ça ne pouvait être qu'au sein de l'école, ou à la résidence familiale des du Chesnes. Et Kamala osait espérer que Claire ne lui ait pas fait ce coup-là. La moindre des choses étant de convenir d'un rendez-vous avec ses parents, qui n'avaient pas bougé du palais Vaissier de toute la saison estivale.

Elle songea ensuite à aborder le sujet d'autres fiançailles. Celles d'Amaury - lui ayant été annoncées un peu plus tôt - et pas simplement en écho à des rumeurs puériles. Manami était forcément au courant de l'affection de Kamala pour le futur duc de Castel, étant donné qu'elle ne cessait de vanter ses mérites auprès d'Haruo depuis plusieurs années déjà. Et puis, elle était à peu près sûre que quelques paires d'yeux et d'oreilles indiscrètes avaient déjà rapporté les états d'âme de l'aînée de Bhopal suite à ladite annonce. Toutefois, la déléguée de la Terre se retint d'en faire tout commentaire. Ce n'était pas le moment de faire état de son cœur, alors que son amie semblait sincèrement touchée par la confidence qu'elle venait de lui faire. « Je n'aurais jamais pensé que la simple idée de mon mariage puisse alimenter autant de bavardages dans cette école. » C'était d'un vulgaire. Certaines se plaisaient parfois à le faire pour tenter d'attirer l'attention de nouveaux prétendants, mais Kamala n'avait aucune envie de s'engager dans ce jeu-là. Elle n'avait tout simplement plus le cœur à cela.

Silencieusement, elle retourna auprès de la déléguée de l'Air, qui s'apprêtait déjà à se mettre en route vers le salon de thé, puis songea tout haut. « Est-ce que ton frère et moi allons être condamnés à nous marier par défaut, parce que personne n'aura voulu de nous ? » Condamner était un peu fort, certes, mais Kamala rêvait depuis toute petite d'un vrai beau mariage d'amour ; semblable à celui de ses parents. Elle aurait voulu ressentir des papillons au creux de son ventre, sentir la chaleur de l'embarras envahir ses joues, et l'excitation toute singulière d'une jeune femme à qui l'on demande sa main. Elle aurait voulu se réveiller chaque jour le sourire aux lèvres, se sachant mariée à l'homme qu'elle aime, vivant dans la douce sécurité d'un amour véritable. Mais cet espoir s'était récemment évanoui, et elle essuya discrètement une larme naissant à la bordure de ses cils.

« Je suppose que je dois commencer à envisager un avenir différent de celui que j'avais imaginé. Mais Haruo ne devrait pas être contraint de sceller son destin de cette manière. Il mérite de trouver l'amour ; du moins, c'est ce que je lui souhaite. » ajouta-t-elle, un sourire sans joie aux lèvres. L'avenir au bras du du Chesnes n'était pas le scénario le plus terrible qui soit, il était même plutôt enviable pour quiconque redoutait d'épouser un parfait inconnu, mais il serait égoïste de la part de Kamala d'imposer à son meilleur ami, un mariage sans amour. ~ @Manami du Chesnes

Kamala &
Manami

Manami n’est pas une enfant gâtée. On pourrait facilement le penser, de par son parentage et son rang dans la société, ou même de par son comportement envers le monde entier, particulier lorsqu’elle se trouve dans les couloirs de Beauxbâtons.
Elle passe facilement pour la jeune fille à qui on ne refuse rien. La jeune femme à qui on ne dit jamais non. Celle à qui l’on donne tout ce qu’elle demande. Qui n’a qu’à lever le petit le doigt pour que le monde tombe à ses pieds.
Ce n’est pas le cas.
Ça ne l’a jamais été, et ça ne le sera probablement jamais.
Oh bien sûr, sa vie est moins compliquée que celle de certains ou certaines de ses camarades. Bien sûr qu’elle a des facilités dans la vie, rien que lié au fait qu’elle ait de l’argent à ne plus savoir trop quoi en faire. Mais ça ne donne pas tout. Et Manami s’est vite rendu compte que si elle avait de l’argent, bien souvent les gens à qui elle demandait des choses et qui refusaient de les lui donner en avait plus qu’elle.
Ou ne se laissaient pas acheter.

Manami n’est pas une enfant gâtée, mais ça ne veut pas dire pour autant qu’elle a apprit à bien réagir lorsque quelque chose ne va pas dans son sens. Surtout lorsqu’elle s’est imaginée quelque chose, une perfect picture, et qu’on la lui retire de sous les pieds sans aucune préparation, sans aucun signe avant coureur.
Elle y croyait. Elle y  croyait dur comme fer. Kamala deviendrait officiellement sa belle-soeur. Et par son lien avec Haruo, elles resteraient proches. Haruo hors d’intérêt pour la de Bhopal, il y aurait forcément moins de moments, d’occasions, pour eux, de se voir.

Elle n’aime pas cette impression terrible qu’elle a, qu’elle est en train de quémander. Elle a l’impression de la supplier d’épouser son frère, de rester près d’elle. Oh si seulement Claire la voyait… Ça se passerait probablement mal. Très mal.
Et le regard que Kamala lui lance. Elle a l’impression qu’elle la prend en pitié. Mais peut-être qu’elle fait un peu pitié après tout. À quémander de l’amour, comme elle le fait. Indirectement ou non, Kamala doit le sentir.
C’est probablement pour ça qu’elle change son discours, qu’elle lui dit que “peut-être”. Elle change son discours pour éviter d’avoir à gérer une petit fille qui a peur de perdre une des seules personnes qui compte pour elle et qui la connaît réellement.
Manami sait pas si elle doit l’en remercier et pleurer de frustration.

Elle lui demande si elle a entendu des choses, au château. Manami sait pas trop quoi lui répondre. Oui ? Non ? Après tout, c’est Haruo qui a dû en parler indirectement au château, sinon y’a aucune raison pour que cette nouvelle soit arrivée jusqu’à ses oreilles et à celles de tant d’autres gens à l’école.
Elle se contente de hausser les épaules, pas sûre de la bonne réponse à donner.

Elle finit par se retourner vers elle pour lui demande rsi elle est Haruo devront finir par se marier par défaut. Manami se retient de peu de lever le yeux au ciel. Si pour elle, ce serait par défaut, ce serait certainement pas le cas pour Haruo.
Elle continue à parler, lui disant que Haruo devrait pas sceller son destin et mérite de trouver l’amour.

Manami, pendant un instant, se demande si Kamala est vraiment si aveugle que ça ou si elle cherche des confirmations aux infos qu’elle pense avoir. Manami décide que dans les deux cas, ce qu’elle a à lui dire ne pourrait pas faire de mal.

“Je pense que mon frère a déjà trouvé l’amour. Réciproque ou non, ça c’est une autre question.”

Elle se retourne finalement, et laisse ses pas la guider vers le salon de thé, prenant les devants face à Kamala, espérant à moitié que cette discussion difficile soit terminée, et à moitié qu’elle continue jusqu’à ce qu’elle réussisse à la convaincre que Haruo est le mari parfait pour elle. ~  @Kamala De Bhopal

Kamala &
Manami

Les mots de Manami eurent l'effet d'un cube de glace dégringolant lourdement dans l'œsophage de Kamala, la laissant pétrifiée. « Je pense que mon frère a déjà trouvé l’amour. Réciproque ou non, ça c’est une autre question. » L'Indienne avait tellement de questions qu'elle n'en posa aucune, en tout cas pas immédiatement. Son regard se posa sur la longue chevelure ébène de la du Chesnes, qui passait la porte du salon de thé. Pourquoi cette annonce si énigmatique ? Haruo, amoureux ? Celui qui partageait tout avec elle, ne lui en avait jamais touché mot. Se pourrait-il que...?

Non.

...

Non !?
C'était impossible, n'est-ce pas ?

Elle l'aurait vu, elle l'aurait su, elle l'aurait ressenti ! Elle qui passait la quasi totalité de son temps libre avec Haruo... n'aurait donc rien compris des murmures de son cœur ?

Le sien se mit à palpiter. De peur. Peur de découvrir une vérité nouvelle, inattendue. Peur que leur amitié indéfectible n'ait été qu'une illusion. Peur de l'avoir involontairement blessé. Peur de le perdre ? Les conclusions hâtives s'étaient bousculées dans son esprit comme les perles d'un collier qu'on enfile, tombant les unes sur les autres dans un petit « tic » sonore. Sa main se posa sur sa poitrine, et elle jeta de nouveau un regard vers Manami. Il lui fallait clarifier les choses, savoir si elle avait véritablement compris. Ou si, finalement, Haruo avait plus de secrets qu'elle ne l'avait imaginé.

Elle avança doucement, et resta dans l'encadrure de la porte, comme une enfant timide qu'on venait de gronder. Son regard se posa sur le sol, mais ses sourcils se froncèrent perceptiblement. Si Haruo avait effectivement omis la vérité, il s'agissait alors d'une forme de mensonge. Et s'il avait dissimulé quelque chose d'aussi important, qu'en était-il du reste ? Les images de son sourire rassurant et de ses yeux rieurs lui parvinrent à l'esprit. Il était si doux avec elle. Il l'avait toujours été, et elle espérait qu'aucune mauvaise intention n'était à l'origine de cette douceur. Que les rumeurs qui les entouraient n'étaient que des chimères, et qu'elle laissait simplement son imagination s'emballer dans la panique.

Elle se râcla alors la gorge et tenta de retrouver contenance pour reprendre la parole. « Tu penses qu'il a déjà trouvé l'amour ? » Ses billes chocolatées accrochèrent celles de Manami, et Kamala déglutit. « Avec... qui ? » Le silence qui suivit tourmenta de nouveau son cœur, une douleur sourde s'installant dans sa gorge. Ce silence en disait bien plus long que des mots. Et Kamala senti les larmes lui monter aux yeux sans toutefois qu'elles se manifestent. Elle ne savait plus si elle était triste, en colère, ou déçue - ni après qui. Manami ? Haruo ? Elle-même ? Elle inspira bruyamment, et expira avec peine. « Comment ai-je pu être aussi idiote. » Les bras croisés, mains posées sur ses coudes, elle s'avança sans but dans le salon, et s'assit sur un fauteuil, le regard vide, l'esprit tourbillonnant.

Quelques secondes passèrent avant qu'elle ne se relève brusquement.

« Te l'a-t-il dit ? A-t-il exprimé ses sentiments verbalement ? Ou est-ce juste une supposition de ta part ? » Après tout, Manami n'avait jusqu'alors rien confirmé. Il fallait que Kamala l'entende de sa bouche - à elle, d'abord. Et si sa cadette confirmait, il faudrait qu'elle l'entende de la bouche d'Haruo, ensuite. « Mais, depuis quand ? Pourquoi n'ai-je rien vu ? Et pourquoi ? Il connaît depuis toujours le sujet de mon affection. » Kamala s'était mise à faire les cent pas, ne se souciant plus du tout de ses responsabilités de déléguée. « Pourquoi vouloir souffrir de la sorte, cela n'a aucun sens. » Les larmes qui l'avaient picotée quelques instants auparavant se dessinèrent doucement au coin de ses yeux, menaçant de dévaler ses joues à tout instant. Les sentiments ne se contrôlent pas, ça n'était pas nouveau, mais Kamala se sentait coupable. Coupable de ne pas avoir compris plus tôt. C'était toute une réalité qui s'écroulait devant elle ; sa réalité. ~ @Manami du Chesnes

Kamala &
Manami

Elle sait que ce qu’elle fait n’est vraiment pas fairplay. Elle sait que son frère lui en voudrait à mort. Mais elle doit mettre toutes les chances de son côté. De leur côté en soi, si elle y réfléchit bien. Après tout, plus vite ils se mettent en couple, plus vite cette histoire de fiançailles deviendra une réalité.
Elle pense pas une seule seconde au fait que Kamala et Amaury de Castel semblent être plus proches ces derniers temps. Oh non. Non, ça elle l’ignore. Et avec beaucoup d’entrain. Elle préfère penser que tout se passera comme elle, elle le souhaite. Comme elle y est habituée.

Elle sait pas trop à quoi s’attendre comme réponse. Elle savait pas trop si elle devait s’attendre à une confession en retour ou à de la surprise qui mènera à la seule réalisation possible : Kamal aussi avait des sentiments pour lui. Ou mieux, elle comprendrait pas que Manami parlait d’elle et elle serait jalouse.

Une fois au salon de thé, elle sent que Kamal ne la suit plus. Elle sent qu’elle est seule dans la pièce. Elle jette un coup d’oeil rapide aux alentours et voit bien vite qu’aucun élève n’a décidé d’utiliser la salle comme refuge après le couvre feu. Elle se retourne vers son amie qu’elle voit bloquée à la porte d’entrée.

Manami ne la quitte pas des yeux lorsqu’elle se racle la gorge. Sa première phrase de réponse lui donne de l’espoir. Elle est jalouse. Elle veut s’assurer d’avoir bien compris ce que Manami lui a dit. Ou peut-être elle veut être sûre d’avoir bien entendue pour confirmer qu’elle a bien entendu qu’il était amoureux en sachant que c’est d’elle. Dans les deux cas, c’est positif.
Elle entend l’appréhension dans sa voix et son regard hésitant lorsqu’elle lui demande de qui. Manami est sûre qu’elle a gagné. Si elle lui pose la question avec autant de crainte, c’est forcément qu’elle a peur qu’il soit amoureux de quelqu’un d’autre. Pourquoi aurait-elle peur qu’il soit amoureux d’elle ? Après tout, même si elle, elle ne l’étais pas en retour, il y aurait toujours moyen pour Kamala de discuter et de le remercier sans retourner ses sentiments. Elle n’aurait pas peur si c’était dans ce sens là.

Manami décide de ne pas répondre. Son silence est une réponse en elle-même, puis quand bien même, elle a déjà bien assez trahi la confiance de son frère pour aujourd’hui après tout.

Puis vient la suite : idiote ?

Elle s’assoit sur l’un des fauteuils et commence à lui poser plein de questions. Est-ce qu’il le lui a dit ou est-ce qu’elle le suppose juste ? Depuis quand, comment elle a rien vu, pourquoi ?

“Il connaît le sujet de mon affection”

Manami pourrait faire comme si elle n’avait pas entendu la phrase.
Mais elle veut pas.
Parce qu’après tout, c’est à cause de lui, pas vrai, si Haruo et Kamala finissent pas ne pas se marier.

“Il aurait pas à souffrir si ce bon à rien de De Castel t’avait pas fait les yeux doux.” Et oui, elle dépasse clairement les bornes. Oui, son côté petite princesse qui a souvent tout ce qu’elle veut ressort.

Mais elle a peur. Trop peur.
Elle veut pas perdre Kamala.
Elle est trop importante pour elle.. ~  @Kamala De Bhopal