PREMIER MOUVEMENT
Les pas sont vifs derrière ceux de son père, dont il essaie d’imiter les longues enjambées pressées. Clovis a toujours eu cette démarche rapide, et au plus loin qu’il se souvienne, il n’a jamais trouvé nécessaire de ralentir pour lui permettre de le rattraper. D’une certaine façon, c’était en adéquation parfaite avec l’éducation qu’il dispensait à ses gamins : plus tard, Théodore dirait de lui qu’il était un paternel taciturne, concentré sur ses tâches quotidiennes – mais toutefois juste dans ses leçons. Comme beaucoup d’hommes de son époque, il avait simplement résolu de laisser à son épouse le soin de leur enseigner l’art de l’affection ; une tâche à laquelle Garance n’avait pas été beaucoup plus impliquée, il fallait bien le reconnaître.
Dans l’organigramme familial des De Lanzac, Clovis était l’homme de l’ombre. Pas spécialement par choix, mais parce qu’il ne pouvait exister qu’une place dans la lumière – une qui avait toujours été occupée par son frère. Là où Nestor s’était emparé de la place publique par son charisme solaire, le cadet s’était accoutumé des travaux de discrétion, des petites magouilles, des embrouilles et des négociations. À ce propos, son père avait coutume de dire que si Nestor était l’horloge reluisante dont on voyait l’aiguille trotter à la perfection, il était les rouages qui s’activaient, sous le cadran. Ou plutôt, qu’il était celui qui les faisait fonctionner correctement.
Clovis n’avait jamais eu le luxe de pouvoir totalement s’éloigner de la myriade de casinos qu’il gérait. D’abord parce que son nom en lui-même était un levier d’importance lors des négociations, et que sa réputation inflexible n’était plus à prouver ; mais certainement aussi parce qu’il était d’un naturel bien trop prompt au contrôle, pour se permettre de déléguer à des gestionnaires imbéciles l’entièreté de ce qui se passait entre les murs de ces derniers. C’était une chose que Théodore l’avait souvent entendu dire : que la pire décision qu’il aurait pu prendre, c’était de totalement perdre de vue la réalité brutale, parfois noire et crasseuse, de la vie au sein des casinos.
Alors, il s’efforçait de s’y rendre le plus souvent possible afin d’y régler ses affaires courantes, de récolter les nouvelles et les malvenues potentielles ; et parfois, il y emmenait Théodore.
Son préféré avait toujours été le Casino de l’Ecrasoir, situé dans l’impasse du même nom, au sein de la capitale : c’était un établissement peu fréquentable, à deux pas de la Goule Bleue – un genre de cabaret sulfureux où dansaient des filles au rire bruyant et aux manières tapageuses – très populaire chez les bourgeois et les aristos en quête de sensations fortes. Clovis avait été assez malin pour comprendre que si une certaine couche de la haute société sorcière rechercherait un lieu plus raffiné, une grande partie d’entre eux n’aspirait qu’à fréquenter un lieu clos, où les secrets se terraient comme dans un tombeau. L’Ecrasoir était de ceux-là. On y entrait pour y respirer l’abjection, la dissolution ; pour se perdre jusqu’au petit matin, noyé par l’inhalation de poudres étranges, présentées comme stellaires ; pour toucher le ciel, puis finir six pieds sous terre.
Les premières fois qu’il l’y avait accompagné, il devait avoir sept ans. Théodore était mal à l’aise, profondément conscient du décalage entre son habit de petit marquis et l’atmosphère délétère qui l’entourait, la dégaine de la clientèle, ou le sourire édenté du Gobelin qui faisait office de croupier. Puis, il avait observé la manière dont son père se comportait – comme s’il y avait été né, qu’il y demeurait prince en toutes circonstances – et il l’avait imité. Il avait appris le nom du croupier – Glisnigz, charmant personnage soit-dit en passant – et pris l’habitude d’en faire un palais des rêves et des cauchemars, sorte de
freak show dans lequel il pouvait finalement avoir sa place. Il avait fini par s’y sentir chez lui : au cœur des indécences humaines, dont il avait fait son abri.
SECOND MOUVEMENT
Il avait onze ans, quand il avait pigé pour la première fois que l’argent ne faisait pas le sang. Avant ça, il avait été relativement épargné ; faut dire que ses parents avaient fait un travail remarquable pour les élever et les modeler comme le reste des gosses de nobles des familles qui les entouraient. L’or et l’argent au petit-déjeuner, cuillères étincelantes plongées entre les dents de lait, plafonds hauts et appartements bien placés : des petits aristos, ils avaient la panoplie complète, la dégaine et l’égo démesuré, avant même d’être en âge de vraiment s’exprimer.
On les mêlait pas vraiment aux autres gamins de la haute, pourtant ; c’était peut-être ça, qui aurait dû le faire tiquer. Mais il se rappelait nettement de cette après-midi là, dans la propriété d’un type important dont il avait pourtant oublié le patronyme ; des hectares de pelouse verte, arrosée d’un soleil tendre de début d’été, parfaitement propice au fait de laisser les mômes gambader. Toutes les progénitures à particule s’étaient trouvées réunies au même endroit, et dans sa naïveté juvénile, Théodore ne s’était pas méfié : peut-être simplement qu’il n’avait pas été éduqué à le faire – pas encore. L’un d’entre eux avait proposé de jouer à la Tête de Goule, et les ainés du groupes s’étaient eux-mêmes mandatés pour constituer les équipes. Toutes les petites têtes avaient été choisies une à une, appelées par leurs patronymes – à croire qu’ils n’étaient que ça,
des noms sur un parchemin soigné. Et puis à la fin, il ne restait plus que lui. L’abruti.
Alors, les deux capitaines d’équipe s’étaient stoppés un instant, avaient échangé un regard simple, et puis un sourire complice.
Factice. Avec tout le naturel du monde, le premier avait regardé Théodore – non,
de Lanzac, comme il l’avait appelé – et puis il le lui avait annoncé : il ne faisait pas partie du club, alors il ne pouvait pas jouer. Le gamin était resté interdit un moment, peinant à comprendre de quel
club il voulait parler ; une subtilité qui lui échappait, et que l’autre avait pas tardé pour lui expliquer.
Toi et ta famille, vous avez rien à faire avec nous.Sûrement un truc que ses parents avaient un jour chuchoté, et qu’il ne faisait que répéter. Peu importe : les autres mômes avaient tous l’air d’avoir entendu la même chose au moins une ou deux fois au détour d’un couloir – suffisamment pour que l’idée puisse faire consensus, et ne devienne sentence d’exclusion. Pour que Théodore ne comprenne pour la première fois qu’ils se fichaient bien de l’or et de l’argent au petit déjeuner, des panoplies de velours brodé, des titres qu’on pouvait leur donner : seule l’ascendance, seule
l’histoire comptait.
Et tous les diamants du monde ne seraient jamais en mesure de la réécrire.
De Lanzac resterait sa seule identité, pour le meilleur et pour le pire.
TROISIÈME MOUVEMENT
Théodore n'a que seize ans. Les cheveux qui bouclent et qui se défont, l'allure maigre de ceux qui ont grandi trop vite, et qui n'ont pas su quoi faire de cette verticalité soudaine – qui n'osent pas encore s'en servir pour prendre les autres de haut. Il a seize ans, n'a pas tout à fait mis au point la recette de son sourire insolent ; pourtant il s'entraine avec ceux qu'il croise, avec les professeurs qui se lassent de le voir répliquer lorsque ce n'est pas le moment. Ils aiment dire de lui qu'il est un gamin agaçant, et s'en plaindre une ou deux fois par trimestre à ses parents : ça lui plait, Théodore, alors il ne fait rien pour se tempérer, il teste les limites à la déraison, avec la curiosité de ceux qui ne les ont jamais encore vraiment dépassées. Sale môme, qu'ils disent. Mais pour le reste, on pourrait presque encore le considérer comme sage et modéré – si ce n'est qu'une question de comparaison.
Passons.
Depuis un moment, figurez-vous qu’il s’est découvert une toute nouvelle passion ; ou plus précisément, le moyen de graisser la patte à l’un des étudiants de Musique Magique pour récupérer la clef de la grande salle des Instruments, et en faire soigneusement un double pour s’y glisser lorsqu’il le désire. Si Théodore n’a jamais été le dernier pour se faufiler hors du Château lorsqu’il n’y était pas invité, ou dans les espaces qui ne lui étaient réservés, l’infraction en question semble sans doute la plus ridicule : car seul un farfelu aurait l’idée étrange de briser la sécurité d’une salle de classe fermée à double-tour. Ce qu’il est, assurément. Et peut-être ne trouve t-il jamais la mélodie des choses si belle, que lorsque celle-ci est offerte aux oreilles du monde dans le carcan de l’interdiction ; que lorsque les notes résonnent en secret, serrant le cœur des pauvres fous prêts à toutes les punitions pour les jouer.
L’année prochaine, s’il choisit ce domaine d’études, l’accès à cette salle magique lui sera officiellement accordé : mais il est presque certain qu’il continuera à s’y glisser à l’abri des regards, lorsque le silence rencontre la lune. Dans la rêverie secrète de vingt-quatre heures une.
QUATRIÈME MOUVEMENT
La population est vieillissante. Horde de silhouettes rabougries aux cheveux grisâtres, visages flétris par une vie brûlée par les deux bouts, par la vanité consumée à petit feu. Ils se traînent dans les salons, les halls et les salles de bals, ils rampent dans les ambassades sourires à la main, prêts à l’offrir à qui de droit. Qu’elle est belle, la société parisienne et ses acteurs les plus marquants ! On y reconnaît des héritiers de grands noms qui se vantent encore de leurs ascendances aristocratiques, qui content les exploits oppressifs de leurs ancêtres respectifs. Ils se gangrènent les uns les autres, avachis dans une richesse dont ils ne palpent même plus les contours, même si celle-ci les enivre. Splendeur de l’entre-soi, mené à son paroxysme.
Il aurait pu renoncer à se frayer un chemin dans ce peuple arrogant ; il a plutôt décidé de continuer à le faire, et d’avoir l’audace d’y paraître tout à fait à sa place. Après tout, il était sans doute aussi orgueilleux qu’eux : c’était facile de leur dire ce qu’ils voulaient entendre — pour ensuite mieux se contredire. Facile aussi de choisir les mots qui feraient de lui ce qu’il y a de plus détestable, de faire naître le malaise propre à l’inconvenance, à l’altérité insupportable. Facile. Être cet élément hétérogène, perturbateur, qui existe à contre-sens et qui s’en vante. Voilà la place qu’il a choisie et creusée : celle du petit prince noir, regardé de traviole. Langue habile aux mots-vitriol.
Et puis parfois, pour conjurer l’ennui, il joue. Ou plutôt, il se joue de ceux qui l’entourent, des menus scandales qui se dispersent à la Cour. Isabeau est toujours prête à le faire avec lui ; en tant qu’héritière au titre anobli, elle sait qu’elle n’a pas grand chose à perdre non plus, que les gamins comme eux finiront toujours plus ou moins par s’en sortir. Elle s’amuse de cette situation privilégiée, en abuse. Elle a l’esprit libre, et c’est pour ça, qu’il l’apprécie : pour les petites indignations qu’ils se plaisent parfois à faire éclore au royaume de l’ennui, lors des étés où ils se retrouvent tous à arpenter les réceptions du vieux Paris.
Cette fois, c’est elle qui a frappé fort ; en suggérant à une pipelette notoire qu’elle avait vu Théodore se glisser dans une pièce du manoir en compagnie d’une héritière déjà fiancée. Bien entendu, sans être chaperonnés. Et si le mensonge est construit de toutes pièces, Isabeau possède suffisamment de talent pour en faire une œuvre réaliste et magistrale : l’expression outragée, le regard agité des comédiennes les plus douées. La rumeur avait mis moins d’une heure pour s’étendre à toute la population présente, et le faux-cocu à demander des comptes à un Théodore dont l’innocence n’était plus qu’une légende à laquelle personne n’était prêt à croire. Croyez-le ou non, il n’avait même pas cherché à se défendre : il avait ri. Et si l’autre était sans doute trop bien élevé pour régler l’affaire comme dans les bas-quartiers, ça ne l’avait pas empêcher de glisser une menace à l’attention de l’héritier ;
si tu touches encore ma fiancée, de Lanzac, je te promets que je te le ferai payer.
Il aurait pu, il aurait
dû s’en inquiéter. Mais l’insolence ne lui avait arraché qu’une seule réplique :
et si c’est elle, qui me touche, tu iras également la menacer ?Victoire écrasante, lorsque l’autre l’assassine du regard et s’écarte. Il ne s’inquiète pas vraiment pour son sort ; car les comtes dans son genre sont terrifiées à l’idée de faire scandale, et préfèrent largement les étouffer. Sauf que Théodore, c’est exactement ce qui l’anime, et Isabeau aussi : voyez un peu comme les deux se retrouvent après leur mascarade, observant l’agitation provoquée avec la satisfaction des pires diables.
—
Une simple affaire de tromperie ? Lui glisse t-il sur le ton de la banalité. «
Sans vouloir te vexer, Isabeau, je m'attendais à mieux de ta part. —
C'est vrai que lorsque tu y es mêlé, ça n'a rien d'original, Réplique l’intéressée avec un mince rictus au coin des lèvres.
Elle dit vrai, et tout Paris le sait. Il en est le chat noir : l'amant qui se faufile en douce dans les couloirs. Mais Théodore ne s'en offusquera pas – s'il avait voulu regretter ce qu'il était, il arrivait beaucoup trop tard. Ou trop tôt : la plupart des rédemptions arrivent avec la crise de la quarantaine, ce qui lui laissait plus de quinze ans pour être un emmerdeur. À condition qu'il ne succombe pas avant au caprice de se flanquer un avada entre les deux yeux. Par ennui.
—
Cela dit je te remercie, Qu'il reprend d'un ton tranquille, le regard papillonnant distraitement sur les silhouettes devant eux. «
J'ai une réputation à entretenir, et pas assez de temps pour le faire convenablement, surtout en ce moment.—
Trop occupé à être toi, et riche à en mourir ? Réplique la sorcière, exprimant une vague expression moqueuse.
—
Rester à la fois détestable et séduisant demande de l'investissement.
—
Change de vocation : tu ne réussis qu'à être un idiot.Il a accepté la pique de bon cœur.
Car à ce jeu-là, être le pire voulait aussi dire être le meilleur.
CINQUIÈME MOUVEMENT
Ils s’étendent comme des lézards, sur les pelouses verdoyantes des jardins de la Renaissance. Les feuilles des châtaigniers dispensent une ombre agréable sur leurs visages indolents, terrible dissuasion à l’étude qu’ils étaient venus faire de leurs parchemins ; mais si Théodore a déjà laissé depuis un moment son esprit vagabonder, certains autres de ses camarades prennent le sujet à cœur, et discourent à voix haute des thématiques étudiées. À l’ordre du jour, la Politique Magique – un aspect qu’il avait choisi plus par défaut qu’autre chose, et qu’il regrettait presque chaque matin de s’être infligé, tant les cours dispensés le barbaient.
Ce n’était cependant pas le cas de ses semblables, visiblement occupés à débattre de l’éternelle opposition entre Monarchie et Démocratie ; un duel d’opinions qui ne connaitrait certainement aucune issue, il le savait. Et c’était également la raison pour laquelle il évitait de se mêler au débat : il avait l’esprit trop philosophe pour se payer le luxe des avis tranchés, et se faisait à cet égard l’avocat du Diable en toutes circonstances – surtout lorsqu’il n’y était pas invité. Une habitude fâcheuse qui faisait de lui un être de très mauvaise compagnie, lorsqu’il s’agissait de parler politique ou société. Tant mieux en un sens, car il ne tenait pas tant que ça à le faire, et s’ennuyait assez vite quand il y était obligé. Non pas que la discussion puisse le désintéresser, mais il n’éprouvait que très peu d’attrait pour les avis à l’emporte-pièce, ou les grandes envolées rhétoriques dont le débat politique avait un jour fait sa prédilection.
—
Leur petit désaccord a l’air de te passionner autant que moi, Avait glissé Edgar, à ses côtés.
Théodore avait ouvert un œil avec paresse, faisant mine de se réveiller d’une sieste piquée devant l’ennui solide qu’il ressentait.
—
C’est si évident ?—
Essaie juste de ne pas vraiment t’endormir : on te traiterait de condescendant.—
Qu’ils fassent la queue, pour ça, Qu’il argue avec un sourire.
Certains attendent de le faire depuis presque vingt ans.Un rire secoue la gorge d’Edgar, qui se redresse en époussetant sa chemise pour en chasser les brins d’herbe, imité par son acolyte à ses côtés.
—
J'ai juste l'impression d'assister à une vaste blague qu'ils sont les seuls à encore apprécier, Souffle l’héritier en posant un regard morne sur ses camarades, un peu plus loin.
—
Et tu n'as peut-être pas tort. Quelles sont tes opinions politiques, Théo ?—
La plupart du temps, je me garde d'en avoir.—
De nos jours, c'est plutôt rare. Mais il y a bien quelque chose auquel tu dois croire.
Il a semblé réfléchir une seconde, suspendre sa réponse. Croire. Voilà qui était un verbe audacieux, qui portait à la réflexion : à quoi croyait-il vraiment ? Sans doute pas au mérite, ni au pouvoir de l’argent. Encore moins à celui du sang.
S’il avait dû être honnête, Théodore aurait confessé qu’il croyait aux récits ; à ceux que tous tissaient à leur personne pour leur propre survie. Il croyait aux histoires racontées, tricotées et inventées, aux mensonges énoncés et reconstitués. Il croyait aux vérités et aux utopies, à tous les leurres, tant qu’ils étaient bien construits. Il croyait aux symboles. Aux personnes qui devenaient personnages, aux noms chuchotés dans le noir, à ceux que l’on gravait dans la pierre pour s’en rappeler après des décennies. Il ne croyait pas aux héros, ils ne croyait plus aux rois. Pas plus qu’aux débats.
Et parfois, les mauvais jours, il ne croyait plus qu’au chaos, qu’à la possibilité de tout reprendre à zéro.
—
À l’inconstance. Je crois à l’inconstance de toute chose.Ou à l'immobilité comme seule nécrose.
MISCELLANEOUS
Parigot de la première heure, élevé dans les tréfonds d’une capitale délestée de ses lueurs. Il en connait à la fois les aspects les plus raffinés, et les coupes-gorges les plus crasseux ; caméléon qu’il est, il saura toujours trouver une façon de s’adapter aux deux.
• Sur son flanc droit, les traces blanchâtres et fripées d’une stupide
brûlure de Feudeymon ; honte vaniteuse qui mord ses côtes, tranchant l’albâtre d’une peau qu’il est désormais réticent à dévoiler.
• Amoureux tendre de la musique, qu’elle soit jazz, blues ou classique : il peut passer des journées entières à
l’Ubiquité, le magasin de musique de la rue Folamour, à feuilleter les partitions et écouter Solange jouer du violon.
• Redoutable joueur de
Flishlick, sachez qu’il est cependant tout aussi bon tricheur ; jouer aux cartes avec lui est une décision qu’il faut peser avec sagesse, car il n’existe pas une règle du jeu qu’il n’a pas déjà transgressé.
• Un attrait pour
le fonctionnement de toute chose, que ce soit pour comprendre la psyché humaine, ou la mélodie d'une série de rouages. Lors de son temps libre, il s'épanouira autant dans les conversations nébuleuses que dans les menus bricolages.
• Un niffleur revêche comme compagnon, trouvé à l'adolescence dans le jardin de la maison familiale. La bestiole n'est pas sans lui causer quelques ennuis de temps à autres, tout aussi décidée que son maître à disperser des éclats de chaos partout où elle passe.
• L’allure se plait à jouer avec les codes du dandyisme et des genres attribués ; les bijoux s’étalent sur ses doigts ou contre sa poitrine, goût furieux pour la nonchalance, érigée comme élégance.
• Quenotte de devant ébréchée, souvenir d’une chute enfantine depuis le sommet d’un rocher. Le sourire en devient canaille, rehaussé de cette imperfection souvent questionnée : à ce propos, Théodore se plaira toujours à raconter des histoires différentes, plus improbables les unes que les autres.
• Péché mignon affirmé pour
les films réalisés par les non-magiques, projetés dans les salles noires de la capitale ; à chaque vacances, il les arpente avec passion, parfois moqué de ses connaissances qui ne comprennent pas cette étrange inclinaison.
• N'en déplaise à son élément de répartition, il conserve une
peur véritable des flammes, depuis l'accident du Feudeymon : la vue d'une étincelle trop vive peut le pétrifier, le replacer dans un instant passé depuis longtemps, mais qu'il est incapable d'oublier.