ootd (minus le chapeau, les lunettes, la beard et le bowtie, bien sûr) --
Muni de son bel ensemble rose que, soyons honnête, Lysandre lui jalouse sûrement au vue des nombreuses remarques qu’il a faites dessus la dernière fois qu’il l’a porté, il se dirige vers l’antre familiale. Un endroit si effrayant que même les plus braves âmes n’y vont jamais sans une préparation digne des plus grands duelistes ; La salle à manger où le diner est servi et où toute la petite famille est déjà atablée. Atablée et habillée de noir. Grand Merlin, on se croirait à un enterrement. Et c’est peut-être le cas, faut dire que Bohort suit peu les actualités de la famille depuis quelques temps. À croire que quelque chose, quelqu’un, d’autre lui occupe l’esprit.
Il s’assoit avec grâce à la gauche de son père sur la longue table rectangulaire. Face à lui, Lancelot et à la gauche de celui-ci, sa petite soeur. Les trois jeunes dans un repas qui pourrait les faire passer pour une famille de croquemorts. Oh. Peut-être que Lysandre aurait bien sa place à cette table. Autant son grand père n’apprécie pas leur amitié, autant Bohort est persuadé qu’il apprécierait son style vestimentaire.
Bien plus que le sien en tout cas, s’il peut se fier au regard dégouté qu’il lance sur son accoutrement.

Lors du repas, ça parle de tout et de rien. Bohort s’intéresse à quelques sujets, surtout ceux où il doit se forcer à justifier telle ou telle punition, mais se désintéresse complètement des autres. Il lance plusieurs fois des coups d’oeil qu’il veut complice à son cousin et sa cousine, mais si ça cousine lui répond souvent par un tirage de langue dérobé, son cousin lui ne semble pas amusé. Du tout.
Bohort se demande quelques secondes s’il a un problème avec lui et ou s’il lui en veut pour quelque chose mais refute l’idée. Il sait qu’il n’a rien fait qui aurait pu l’énerver et il sait surtout que c’est le genre de choses qu’ils se disent rapidement. Si leurs farces vont trop loin, ils se le disent et basta.
Là c’est différent. Les coups d’oeil qu’il lui lance sont plus pensifs qu’énervé, plus attentifs que frustrés. Comme s’il se posait une question à laquelle il ne trouvait pas de réponse.

Bohort finit par hausser les épaules et se reconcentrer sur autre chose. Après tout, si Lancelot doit lui parler d’un truc, il le fera en son temps. Lorsqu’il le voudra.

Après le repas, il décide de se poser seul dans la bibliothèque de la demeure, une cigarette allumée à côté d’une fenêtre ouverte pour éviter les odeurs résiduelle et une bouteille de bierraubeurre dans l’autre main. La nuit est déjà tombée, pas de risque pour lui de se transformer en renard. Pas cette nuit. Tant mieux.
Dans sa tête, des images de Léandre. Il aurait aimé ce livre. Il se serait probablement moqué de lui en le lisant, le traitant de romantique manqué. En lui disant qu’en fait, il se gâchait la vie en couchant à droite et à gauche et que son but, c’était d’être un poète romantique.
Et il aurait probablement raison.

Des bruits de pas lui font relever les yeux vers son cousin qui s’approche de lui doucement. Comme s’il hésitait. Alors Bohort prend la parole en premier. “Alors, cousin, qu’est-ce qui t’arrive ce soir ? Quelque chose te tracasse ?” Il sent que c’est sérieux, alors comme bon idiot qu’il est, il ajoute “Un problème de fille, peut-être ?” pour détendre l’atmosphère, avant de se tourner vers lui et approcher son torse, un sourire moqueur mais forcé sur le visage “Ou de garçon, qui sait…”